FREDERIKA AMALIA FINKELSTEIN
SURVIVRE
A HISTORY OF VIOLENCE.
Le mois dernier, on vous a dit tout le bien qu’on pensait du Livre que je ne voulais pas écrire d’Erwan Larher. Les événements du 13 novembre sont au coeur d’un autre ouvrage marquant de cette rentrée littéraire. Frederika Amalia Finkelstein, on l’avait remarquée (défendue, aussi) en 2014 avec L’Oubli – qui avait énervé plein de lecteurs, tout en provoquant l’enthousiasme de J.M.G. Le Clézio. Survivre risque encore de cliver, et c’est très bien comme ça. « J’ai moins de 25 ans et je ne parviens pas à envisager le futur », constate la narratrice. Dans Paris, on ne s’étonne même plus de voir des militaires au moment où l’on se balade dans les boutiques de luxe. Dans ce « déferlement journalier de meurtres de masse » commenté live par le juge Trévidic, on regarde des photos de victimes ou des vidéos de meurtres comme on se mate pépouze un boulard. Comment ne pas virer, naturellement, du côté obscur – surtout lorsqu’on est sans cesse connecté ? Allez savoir. Il y a bien des choses agaçantes et déplaisantes, dans Survivre, mais la force du texte vient justement de la contextualisation de celles-ci, du regard porté sur un quotidien qui ne devrait pas être si banal, d’un style au scalpel. (Gallimard/L’Arpenteur, 144 p., 14 ¤)