Internet des objets : Le TRM encore plus connecté
L’invasion d’objets connectés plus nombreux et bientôt plus performants grâce à la 5G accélère la digitalisation de tous les composants du transport routier de marchandises du tracteur aux pneus en passant par les palettes.
Les objets connectés du TRM ne sont pas nouveaux mais se perfectionnent. Le marché croît et l’utilisation de l’IoT est accélérée par le Covid-19 et les tentatives de confier aux objets certaines tâches ou informations qui nécessitent habituellement des interactions humaines directes. Selon un rapport d’analyse publié par le cabinet Mark et sand mark et sen avril 2020, le marché de l’IoT devrait passer de 150 milliards de dollars en 2019 à 243 milliards de dollars en 2021. Le camion, la remorque et les équipements regorgent d’objets connectés pour le suivi des tournées, le télédiagnostic ou la gestion à distance. Les entrepôts aussi s’approprient l’internet des objets avec l’automatisation de la traçabilité et des équipements intralogistiques. Même la palette ou le colis deviennent des objets reliés au web ou à des applications mobiles.
SEMI-REMORQUE ET IOT
Après le tracteur, luimême un gros objet connecté, on observe depuis environ deux ans la montée en puissance de la connectivité des remorques. Le marché regorge de balises et boîtiers embarqués, avec différentes technologies et réseaux de communication. Certains misent sur la télématique du camion pour faire transiter les données des remorques par l’outil de gestion de flotte. D’autres proposent des solutions de suivi autonomes, qui exploitent par exemple les technologies de transfert
bas débit de données sur les réseaux Sigfox ou LoRaWan. C’est le cas de la solution Findit d’AS24, du boîtier 0G de ffly4u ou encore des balises de Ticatag qui équipent les remorques du groupe La Poste pour le suivi des tournées. Les pneumatiques sont également connectés à l’aide de capteurs TPMS qui analysent les températures
et pression. De prochaines générations pourront mesurer ou analyser l’usure des gommes et remonter des alertes d’entretien préventif. Les verrous physiques de porte sont associés à des boîtiers digitaux connectés à une application web ou mobile qui permet aux gestionnaires ou aux conducteurs d’autoriser l’ouverture ou la fermeture des portes à distance. Les bâches aussi se connectent à la télématique, à l’image de la technologie Detector codéveloppée par Sioen et Wabco afin d’identifier les tentatives de vol et de déclencher des alertes (cf. TI n°605).
DES CAPTEURS PLUS INTELLIGENTS
Depuis l’ajout de boîtier de communication, les unités frigorifiques se connectent à des serveurs Cloud pour remonter les températures tandis que les solutions télématiques captent les données sur l’humidité, la luminosité ou les chocs issus d’une large panoplie de capteurs et sondes autonomes. Ceux-ci se miniaturisent et s’installent plus facilement et rapidement à bord des véhicules, y compris multi-compartiment. Ils gagent en autonomie et en longévité grâce à l’optimisation logicielle de leur consommation énergétique ou des fonctions de recharge des batteries par énergie solaire notamment. Grâce à l’intelligence
artificielle, les données mesurées sont analysées plus finement afin d’établir des courbes précises et des rapports d’utilisation voire d’optimisation du chargement sous température dirigée.
LES SUPPORTS DE CHARGE DIGITALISÉS
La palette ou même l’emballage deviennent des objets connectés. Les supports de charge intègrent désormais des puces de communication radio permettant de collecter et d’enregistrer des données. Plus que de simples cartons dotés de QR code ou de balises RFID, les emballages pour colis de Living Packet, Smartpackaging ou Cartoffset intègrent par exemple divers capteurs, un GPS et même un écran. Ces produits interagissent automatiquement avec des bornes de lecture
RFID, des smartphones ou serveurs web pour transférer ou s’enrichir de données le long de leur parcours. De là les loueurs ou des startups spécialisées dans l’échange de palette mettent en place des applications digitales de suivi et de mise en relation entre transporteurs telles que MagicPallet ou PAKi e-Voucher.
VERS LE PESAGE EMBARQUÉ CONNECTÉ
Parmi les « nouveaux » objets connectés du transport routier, les systèmes de pesage embarqué devraient se généraliser sous l’effet d’une nouvelle réglementation imposant aux chargeurs et transporteurs d’indiquer leur tonnage dans les documents de transport. Selon la directive UE 2015/719, qui entrera en vigueur en mai 2021 dans les états membres
de l’UE, les conducteurs et les exploitants de flotte devront connaître l’état de charge d’un véhicule avant son départ et devront être en mesure de le fournir en cas de pour une mission en cours. Dans ce cadre, l’équipementier Continental a présenté en septembre un nouveau système OBWS (On Board Weighing System) de pesage embarqué et connecté. La technologie inclut un capteur à ultrason placé sur les essieux pour mesurer la hauteur et la pression des ressorts pneumatiques et déterminer l’état de charge. Un capteur de hauteur a également été développé pour les amortisseurs des véhicules à suspension non pneumatique. La mesure de charge est ensuite affichée sur une application smartphone du conducteur ou sur un écran situé dans la cabine du camion. Les gestionnaires de flotte peuvent également récupérer
«EN MAI 2021, LES CONDUCTEURS ET LES EXPLOITANTS DE FLOTTE DEVRONT CONNAÎTRE L’ÉTAT DE CHARGE D’UN VÉHICULE AVANT » SON DÉPART.
les données. Selon Continental, l’OBWS permet aux gestionnaires de vérifier avant le départ que le poids du véhicule se situe bien dans la plage de sécurité. Les données fournies autorisent la maintenance préventive des semi-remorques et peuvent servir de base à de nouveaux modèles commerciaux, en modulant par exemple les tarifs de transport en fonction de la charge. De tels systèmes se généralisent. L’entreprise Mechatronics a conçu le système Eurosens Difference très similaire à celui de Continental. Le Français Ekolis propose le capteur de charge connecté Load Sensor en seconde monte. A terme, le pesage réglementé pourrait être facilité par le déploiement de capteurs directement intégrés à la chaussée afin de mesurer la charge des poids lourds sur les routes. ■