Tom Waits
Dans le bureau de Tom Waits, son assistante a entreposé de nombreux documents, coupures de presse, transcriptions d’interviews télévisées ou radiophoniques. Il extrait du lot un article de Télérama qui décrit Bartabas « accompagné, dès qu’il entre seul dans l’arène, (...) par la voix caverneuse, hors d’âge et si tendre, de Tom Waits ». Un autre, paru dans la presse lyonnaise, précise : « Pour On achève bien les anges, Bartabas a extrait de l’oeuvre pléthorique et circassienne de Waits certaines de ses plus belles comptines déglinguées. » Le chanteur et ses avocats ont dénombré seize titres reproduits, exploités voire transformés sans son accord. Sur France Culture, Bartabas est allé jusqu’à présenter une grande partie de son show comme un enchaînement de « solos avec Tom Waits – je dirais presque des duos ». Même le programme du spectacle (vendu 15 euros) mentionne son nom presque à chaque page et les photos de l’écuyer sont accompagnées d’extraits de textes de ses chansons. « Tom Waits... c’était ma seule certitude. Je désirais revenir dans un spectacle avec lui », y déclare Bartabas. d’une médecin du travail, le cavalier metteur en scène en a fait un temple renommé en même temps qu’une entreprise florissante. Son bilan est flatteur : trente spectacles, 300 000 spectateurs par an, une soixantaine d’employés, une contribution remarquée au renouveau du spectacle vivant avec ses créations aux confins de l’art équestre, du cirque et du théâtre – sans compter l’académie qu’il a fondée en 2003 à la Grande Écurie du château de Versailles pour transmettre son savoir et où il donne également des représentations.
La réputation de Bartabas n’était pas arrivée jusqu’à Tom Waits mais il s’est renseigné depuis ; il voulait comprendre qui est l’homme qui s’est introduit dans son oeuvre par effraction – c’est du moins comme cela qu’il l’a ressenti. « À 17 ans, je voulais être Ray Charles, se souvient-il pendant que des volutes s’échappent de son mug de thé. Je n’avais rien à voir avec lui mais j’essayais quand même. Un jour, j’ai réalisé que je devais trouver ma propre voix. C’est le travail d’une vie. Je ne comprends pas qu’un artiste comme Bartabas en soit encore à chercher sa voix à l’extérieur de lui-même. C’est triste. »