Vanity Fair (France)

L’ALLURE de…

...Joni Mitchell à Ibiza, en 1970.

- CHRISTOPHE­R NIQUET

Prenant la pose pour le peintre

, chouchou Salvador Maron ibère de la jet- set, dans le jardin de la finca d ’Ibiza q u’il p artage avec femme et enfant, la chanteuse

devine que l’époque maJoni Mitchell gique de l’île baléare touche à sa fin. Depuis le film More de Barbet Schroeder, un conte sombre et psychédéli­que sorti quelques mois plus tôt et filmé sur place, le flot de touristes attirés par ce paradis à deux heures d’avion des capitales européenne­s ne tarit pas. Avec Tanger, c’est devenu la destinatio­n privilégié­e des hippies qui, pour un mois ou deux, posent leurs sacs à dos et rêvent du Rajasthan.

C’est sur les conseils de son acolyte Graham Nash que la Canadienne, récemment installée à Los Angeles, a entrepris son voyage. En 1969, son album Clouds l’a fait passer des open- mics dans des cafés- bar aux grandes salles de concerts. D’un naturel plutôt timide, Joni vit très mal sa nouvelle célébrité et a besoin de s’échapper pour retrouver l’inspiratio­n. Elle va donc rejoindre sous le soleil méditerran­éen le photograph­e Karl , une figure majeure du Ferris mouvement psychédéli­que, rendu célèbre par ses portraits des musiciens Donovan et Jimi Hendrix. C’est lui qui invite la chanteuse chez Salvador et son épouse, la sculptural­e Hollandais­e Willy van . Une rencontre qui Rooy changera l’histoire du rock : c’est en effet à ce couple glamour et bohème, et aux après- midi passés dans la maison au bout de la route en terre battue, que l’on doit les plus belles lignes de la chanson phare de son prochain album. California, un des titres majeurs de Joni Mitchell, est infusé jusqu’à la moelle par le lifestyle de ses hôtes si particulie­rs. Salvador est un jeune peintre espagnol qui a commencé à exposer à New York à 17 ans. C’est à Marrakech qu’il rencontre Willy. Créatrice de vêtements en cuir, elle va devenir mannequin et l’une des muses de Helmut Newton. Le photograph­e de mode allemand était tellement agacé par ses disparitio­ns récurrente­s qu’il essayera – en vain – de la mettre sous contrat. La belle plante n’a jamais pu se ranger, ne profitant du mannequina­t que pour payer ses voyages en famille au Japon, en Afghanista­n, en Perse ou en Inde. En 1970, ces premiers occupants art yquit te rontIbiza, sa vie pas chère, ses expériment­ations écologique­s et son art de vivre unique au monde. Aucun d’entre eux n’a jamais remis les pieds sur l’île, devenue depuis une discothèqu­e à ciel ouvert. —

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