Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
Var : le grand chelem
Portés par le Front républicain, cinq candidats REM et un MoDem ont fait la différence sur leurs opposants frontistes. Les Républicains remportent les deux seules circonscriptions où ils étaient en lice
Surfant sur l’élection du président Emmanuel Macron, La République en marche réussit là où le Parti socialiste a échoué il y a cinq ans : il y a aura donc cinq députés REM et un député Modem - allié d’Emmanuel Macron - pour représenter le département du Var. Un nouveau député LR, JeanLouis Masson, maire de la Garde, succède à Jean-Pierre Giran dans la 3e circonscription. La députée sortante Geneviève Levy (LR) ferme le ban en remportant (tout de même !) un quatrième mandat dans la première circonscription. Cependant, alors que les candidats REM - MoDem étaient tous arrivés largement en tête au premier tour, le grand chelem REM n’a pas eu lieu. Pourquoi? Éléments de réponse.
L’abstention, du jamais vu
C’est bien entendu le premier élément à retenir: un taux d’abstention record, près de 60 % dans les circonscriptions « rurales » (6e et 8e notamment), plus de 61 % dans la grande aire toulonnaise (1re, 2e et 7e circonscriptions), chaque député aura été élu en moyenne par deux électeurs sur dix ! C’est la confirmation d’une tendance enclenchée pour les élections législatives, depuis le scrutin de 2002. Reste qu’entre la présidentielle et les législatives, ce sont bien les partis «traditionnels» qui ont perdu près de 50 % de leurs électeurs. Exemple dans la première circonscription, où LR enregistrait plus de 14 000 électeurs lors du premier tour de la présidentielle et 8 495 le 11 juin dernier. La République en marche, en revanche, avait réalisé 10 631 voix le soir du premier tour de la présidentielle : la candidate Élisabeth Chantrieux a fait elle le plein de voix au premier tour, avec 10 592 voix le 11 juin dernier, contre 11 734 hier soir.
Le Front républicain toujours là
On le pensait fatigué par ces choix qui, finalement, n’en sont pas… Et pourtant face au Front national, le front républicain est toujours au rendez-vous, malgré l’abstention. C’est d’ailleurs dans les zones rurales (6e et 8e circonscriptions notamment), là où s’enregistre le plus fort taux d’abstention, que les candidats REM sont parmi les mieux élus : 55,71 % pour le nouveau député de la 8e, Fabien Matras, 55,89 % pour Valérie Gomez-Bassac dans la 6e circonscription. La palme REM revient à l’ex-PS Cécile Muschotti qui enregistre 57,27 % des suffrages exprimés avec… 61,22 % d’abstention. L’un des plus forts taux du département.
Le Front national progresse
Si le front républicain a fait son ouvrage, les résultats obtenus par les candidats frontistes sont, dans un département qui flirte avec les extrêmes, à surveiller : avec plus de 45 % des suffrages exprimés, les candidats du Front national progressent très nettement en nombre de voix, et ce malgré l’abstention. Plus de 5 000 voix supplémentaires enregistrées par chaque candidat frontiste entre le 1er et le second tour, preuve que le parti de Marine Le Pen s’impose comme une force politique incontournable du département.
La «Machine Falco» a fait le job
On croyait la machine Falco grippée… Avec 55,18 % des suffrages exprimés sur le nom de Geneviève Levy députée sortante, elle a fait la preuve de son efficacité en permettant à Geneviève Levy de rattraper son retard sur la candidate REM Élisabeth Chantrieux. Avec près de 6 % de retard, la députée sortante Geneviève Levy a réussi à engranger les voix pour non seulement rattraper son retard, mais supplanter sa rivale de près de 10 points. De l’aveu même du sénateur-maire de Toulon Hubert Falco, cette victoire aura été la plus difficile à gagner. Ce scrutin sonne en tout cas comme un coup de tonnerre pour LR, puisque la députée sortante était en ballottage défavorable au sortir du premier tour. Geneviève Levy devra d’ailleurs abandonner son mandat de première adjointe au maire de Toulon, loi sur le noncumul des mandats oblige. De même sur le territoire de Toulon Provence Méditerranée, dont le sénateur-maire est le président, JeanLouis Masson (LR), maire de La Garde, est parvenu à faire son retard sur le candidat REM Alexandre Zapolsky. Dix points les séparaient au soir du premier tour. Sans doute le candidat Masson a-t-il bénéficié d’un report de voix des électeurs du FN pour virer ainsi en tête au soir du second tour, avec près de quatre points d’avance sur le candidat REM.
Et maintenant les municipales
Longtemps présentées comme le « troisième tour de la présidentielle », ces législatives resteront sans doute dans le Var, comme un «test-match» en vue des prochaines élections municipales. Et dans ce cadre, Les Républicains ne devront pas oublier ce qui restera tout de même un échec dans ce département particulièrement ancré à droite… Après l’échec du Parti socialiste, quasiment disparu des écrans depuis la présidentielle, les législatives auront valeur de menace électorale plus particulièrement encore dans l’aire toulonnaise. Ce d’autant que la loi de moralisation de la vie politique devrait avoir des conséquences non négligeables sur ce prochain scrutin…