Var-Matin (Brignoles / Le Luc / Saint-Maximin)
A la barre de la préparation
Thibault Giroud est le nouveau préparateur physique en chef des Rouge et Noir. Cet ancien membre de l’équipe de France de bobsleigh mise beaucoup sur l’explosivité
Bourlingueur dans l’âme (voir encadré), Thibault Giroud, le successeur de «Bobby» Stridgeon, est désormais à la tête de la préparation physique du RCT. Un poste clef dans un rugby sans cesse en évolution. Contacté en mai dernier par Fabien Galthié, il n’a pas hésité longtemps avant de quitter les brumes écossaises de Glasgow pour rejoindre le sudest de la France dont sa femme Mentonnaise est originaire. Il a donc débarqué dans son nouveau club (il est en contrat pour les deux prochaines années) sans a priori. Sa seule crainte était peutêtre que ce groupe au vécu extraordinaire soit resté sur son glorieux passé. Il a vite été rassuré en côtoyant au quotidien les stars toulonnaises, toutes revanchardes après leurs deux dernières finales perdues. «Les joueurs ne sont pas restés rivés sur leurs années monstrueuses qu’ils ont connues. Ils ne vivent plus dans le souvenir. Ils ont su tourner la page et ça, c’est top.»
Un groupe disparate de compétiteurs
De loin, quelle image aviez-vous du RCT ? J’ai vu que ça bougeait beaucoup dans ce club. Le président sait ce qu’il veut. Lorsqu’on arrive au RCT, on s’aperçoit presque aussitôt comme le dit le slogan qu’« Ici, tout est différent ». C’est vraiment le cas. Toulon est réellement atypique avec un énorme engouement autour du club. Ici, on est capable de faire des trucs de fous. Qu’est-ce qui vous a le plus surpris depuis votre arrivée ? J’ai affaire à un groupe de compétiteurs. Les joueurs sont revanchards. Ils veulent revivre les années magiques. Ils ont, pour parvenir à leurs fins, envie de bosser. Avec tout le staff, on leur pose le cadre. Après la saison pesante vécue l’année dernière, ils en avaient besoin.
Dans quel état physique avez-vous trouvé les joueurs à l’intersaison ? Sur le plan physique, j’ai découvert un groupe disparate. Il y avait d’un côté des joueurs affûtés à l’image de Chris Ashton, Ma’a Nonu, Guilhem Guirado et d’autres qu’ils l’étaient beaucoup moins. Dans l’ensemble, ils avaient un surcroît de poids. Certains ont su rectifier le tir, d’autres sont en passe de le faire. D’autres enfin sont à la traîne. Ces derniers doivent se responsabiliser faute de quoi, avec l’évolution du rugby, ils se mettront d’eux-mêmes sur le côté. Pour ma part, je les pousse mais j’attends de leur part un retour. Dans l’ensemble, le groupe est très réactif.
Le rugby moderne va de plus en plus vite, ça tape aussi de plus en plus fort. Du coup, la préparation évolue-t-elle dans le même temps ? On ne se prépare plus aujourd’hui comme on le faisait il y a encore ou ans. Et ce sera encore différent dans quelques années. La prépa doit être individualisée car les joueurs viennent des quatre coins du monde, chacun avec sa culture. On doit aussi prendre en compte la dimension psychologique de chacun. Les pics de forme sont une utopie totale. La VMA (Vitesse Maximale Aérobie), très culturelle en France, n’a plus grande signification même si un seuil minimal est requis. Aujourd’hui, on a tout repris à la base (la méthodologie, l’approche, la nutrition…). On travaille beaucoup plus sur la vitesse et l’explosivité. Selon moi, un joueur ne devrait pas jouer plus de vingt matches par saison. Les gabarits vont devenir plus homogènes, les joueurs moins lourds.
Un travail main dans la main
Comment se passe votre entente avec le manager, ses adjoints, le médical… ? J’avoue être très content de notre entente. On travaille main dans la main. Tout le monde est au service de tous. Les joueurs sont d’ailleurs eux aussi très à l’écoute et comprennent qu’ils doivent peut-être utiliser leurs qualités différemment. Ils ont besoin d’être sécurisés, parfois même d’explications.
Le RCT est-il capable de jouer sur les deux tableaux ? Ce sera compliqué de réaliser le doublé. Les Saracens sont une véritable machine de guerre. Ils ont pris le temps de se construire. On va avoir besoin de travailler sur la durée.