Au bercail
Toulon Après trois mois de mission à combattre Daech en Irak et en Syrie, le porte-avions Charles-de-Gaulle est rentré hier matin. Un grand soulagement pour les quelque 2 000 membres d’équipage et leur famille
Après trois mois de mission à combattre Daech en Irak et en Syrie, le porte-avions est rentré hier. Reportage à bord, à la rencontre des membres d’équipage, impatients de retrouver leurs proches. Il va subir mois de révision.
Jusqu’au dernier moment, ils sont restés appliqués et concentrés. Droits dans leurs chaussures de sécurité impeccalement cirées, les yeux rivés sur l’horizon. Mais hier matin à l’aube, alors que les côtes varoises se dessinaient progressivement au loin, les coeurs des quelque 2 000 membres d’équipage du Charles-de-Gaulle ne répondaient déjà plus. L’impatience de retrouver leurs proches avait déjà pris le dessus… Pourtant, à écouter le capitaine de vaisseau Eric Malbrunot, depuis la salle de commandement, la mission du Charles-de-Gaulle n’est pas encore tout à fait finie. «On doit rester concentré jusqu’au bout », insiste le commandant du porte-avions entre deux coups d’oeil à travers ses jumelles. Il est 7 h 30 et l’agitation dans les coursives indique que le porteavions touche bel et bien au but. Après trois longs mois de mission en Méditerranée, le fleuron de la Marine française est sur le point de retrouver son port d’attache avec « le sentiment du devoir accompli » .Sur les passerelles, chaque membre d’équipage a déjà rallumé son téléphone, à la recherche de quelques bûchettes de réseau, synonymes d’un retour sur la terre ferme. «On sera officiellement arrivé dès qu’on aura envoyé les aussières et mis les coupées », glisse un lieutenant de vaisseau, histoire de faire durer le «plaisir» jusqu’au bout.
En appui des forces irakiennes
Plus haut, sur le pont 0-1, le contre-amiral Olivier Lebas, commandant du groupe aéronaval, dresse déjà le bilan des opérations : « Notre objectif était d’intensifier les frappes contre Daech». Mission accomplie. «On a réalisé environ 500 missions de catapultage, ce qui correspond à près de 2 700 heures de vol au-dessus de l’Irak et de la Syrie. Notre rôle était de recueillir des renseignements mais aussi de bombarder au sol en appui des forces irakiennes engagées dans la bataille de Mossoul. Maintenant, conclut l’amiral, l’engagement français se poursuit. Avec un seul objectif: la chute totale de Daech au Levant. » Le porte-avions avait déjà été engagé à deux reprises dans la lutte contre le groupe EI en Irak et Syrie. Une première fois au début 2015 ; puis une deuxième fois, au lendemain des attentats de novembre 2015. Pour cette nouvelle mission, baptisée Arromanches 3, le Charles-de-Gaulle avait quitté son port d’attache le 19 septembre dernier. Que ce jour « semble loin » pour le personnel embarqué. À 9 h 30, le navire a enfin accosté devant plusieurs centaines de proches et membres de la famille venus accueillir leurs héros sur le quai. Mais, à l’intérieur, on commence à sérieusement s’impatienter. « Faut d’abord attendre que les autorités quittent le bateau », souffle le quartier chef maître Raphaël. Lui pense déjà au « risotto aux Saint-Jacques maison» qu’il va bientôt déguster avec sa compagne. Laquelle n’a même pas trouvé le temps si long. « Elle a l’habitude, dit-il. Elle aussi est militaire dans la Marine. »