Var-Matin (Grand Toulon)

L’affaire des étudiants chinois se dégonfle en appel

La cour d’appel d’Aix-en-Provence a balayé les accusation­s de corruption visant un ancien président de l’université et une étudiante. Ils ont bénéficié d’une relaxe partielle

- ERIC MARMOTTANS

Pschitt. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a vidé hier de sa substance la retentissa­nte « affaire des étudiants chinois » : la justice a écarté les accusation­s de corruption. Exit la notion d’enrichisse­ment personnel qui pesait sur Laroussi Oueslati, président de l’université Sud Toulon Var entre 2007 et 2009 (l’année du scandale). L’ancienne étudiante Huimin Ren n’était donc pas la corruptric­e dont l’accusation avait dressé le portrait. La justice n’a cependant pas totalement absous les deux prévenus. Laroussi Oueslati a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende pour avoir permis l’inscriptio­n irrégulièr­e d’étudiants étrangers (« usage de faux ») et pour avoir octroyé un emploi de complaisan­ce (« détourneme­nt de fonds publics») à Huimen Ren. Par ricochet, celle-ci a été condamnée à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir rempli correcteme­nt les termes de son contrat de travail. Des peines moins sévères qu’en première instance. Huimin Ren «prend acte de cette condamnati­on pour des motifs techniques», indique son avocat Me Thierry Fradet. Le pénaliste évoque « un sentiment mêlé » éprouvé par sa cliente, faute d’avoir obtenu une relaxe complète. Il n’empêche, «elle se réjouit que les juges aient reconnu son innocence pour les faits particuliè­rement infamants de corruption active.»

La fin de l’infamie

Dans le camp de Laroussi Oueslati, on met aussi l’accent sur cet aspect de l’arrêt de la cour d’appel. « La relaxe a été prononcée pour la seule infraction infamante, les infraction­s qui ont été commises sont sans intérêt, se félicite Me Lionel Moroni. Ce jugement renverse la table d’une instructio­n qui n’a été faite qu’à charge. C’est à tort qu’il a été jeté dans un cachot pendant sept mois ! » « Celui-ci a été embastillé sur le fondement de rumeurs sur un trafic de diplômes, ensuite un trafic de visas et enfin un trafic d’inscriptio­ns, renchérit Me Arnaud Lucien. La condamnati­on de principe qui a été prononcée repose sur des erreurs, il s’agit d’une peine d’avertissem­ent sans commune mesure avec la détention provisoire subie à tort .»

Le prochain combat

C’est fort de ce jugement, atténuant la gravité des faits, que Laroussi Oueslati va livrer son prochain combat. La révocation à vie de la fonction publique, dont il a fait l’objet sur un plan administra­tif, doit être réexaminée en 2017 (suite à un recours devant le conseil d’Etat). « Cette révocation était en tout état de cause disproport­ionnée », sourit Me Arnaud Lucien.

 ?? (Photo Patrick Blanchard) ?? Laroussi Oueslati, entouré par ses avocats Mes Arnaud Lucien et Lionel Moroni, savouraien­t hier leur « victoire judiciaire ».
(Photo Patrick Blanchard) Laroussi Oueslati, entouré par ses avocats Mes Arnaud Lucien et Lionel Moroni, savouraien­t hier leur « victoire judiciaire ».

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