L’affaire des étudiants chinois se dégonfle en appel
La cour d’appel d’Aix-en-Provence a balayé les accusations de corruption visant un ancien président de l’université et une étudiante. Ils ont bénéficié d’une relaxe partielle
Pschitt. La cour d’appel d’Aix-en-Provence a vidé hier de sa substance la retentissante « affaire des étudiants chinois » : la justice a écarté les accusations de corruption. Exit la notion d’enrichissement personnel qui pesait sur Laroussi Oueslati, président de l’université Sud Toulon Var entre 2007 et 2009 (l’année du scandale). L’ancienne étudiante Huimin Ren n’était donc pas la corruptrice dont l’accusation avait dressé le portrait. La justice n’a cependant pas totalement absous les deux prévenus. Laroussi Oueslati a été condamné à deux ans de prison avec sursis et 20 000 euros d’amende pour avoir permis l’inscription irrégulière d’étudiants étrangers (« usage de faux ») et pour avoir octroyé un emploi de complaisance (« détournement de fonds publics») à Huimen Ren. Par ricochet, celle-ci a été condamnée à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir rempli correctement les termes de son contrat de travail. Des peines moins sévères qu’en première instance. Huimin Ren «prend acte de cette condamnation pour des motifs techniques», indique son avocat Me Thierry Fradet. Le pénaliste évoque « un sentiment mêlé » éprouvé par sa cliente, faute d’avoir obtenu une relaxe complète. Il n’empêche, «elle se réjouit que les juges aient reconnu son innocence pour les faits particulièrement infamants de corruption active.»
La fin de l’infamie
Dans le camp de Laroussi Oueslati, on met aussi l’accent sur cet aspect de l’arrêt de la cour d’appel. « La relaxe a été prononcée pour la seule infraction infamante, les infractions qui ont été commises sont sans intérêt, se félicite Me Lionel Moroni. Ce jugement renverse la table d’une instruction qui n’a été faite qu’à charge. C’est à tort qu’il a été jeté dans un cachot pendant sept mois ! » « Celui-ci a été embastillé sur le fondement de rumeurs sur un trafic de diplômes, ensuite un trafic de visas et enfin un trafic d’inscriptions, renchérit Me Arnaud Lucien. La condamnation de principe qui a été prononcée repose sur des erreurs, il s’agit d’une peine d’avertissement sans commune mesure avec la détention provisoire subie à tort .»
Le prochain combat
C’est fort de ce jugement, atténuant la gravité des faits, que Laroussi Oueslati va livrer son prochain combat. La révocation à vie de la fonction publique, dont il a fait l’objet sur un plan administratif, doit être réexaminée en 2017 (suite à un recours devant le conseil d’Etat). « Cette révocation était en tout état de cause disproportionnée », sourit Me Arnaud Lucien.