Var-Matin (Grand Toulon)

«L’économie maritime pèse plus que l’automobile»

Frédéric Moncany de Saint-Aignan, président du Cluster maritime français

- PROPOS RECUEILLIS PAR P.-L. PAGÈS

Invité par l’Institut français de la mer, Frédéric Moncany de Saint-Aignan était hier après-midi à Toulon. Au cours d’une conférence, il a exposé les ambitions du Cluster maritime français qui affirme que l’économie maritime nationale a tous les atouts pour connaître une croissance considérab­le dans les 15 prochaines années.

La France possède le deuxième espace maritime du monde. Curieuseme­nt, aucun ministre de la mer n’a été nommé dans le nouveau gouverneme­nt. C’est une déception ?

Le mot mer n’apparaît même à aucun moment dans l’intitulé des différents ministères du gouverneme­nt d’Édouard Philippe. Pourtant, avec un Premier ministre issu du grand port maritime du Havre, ou des personnali­tés comme Jean-Yves Le Drian et Annick Girardin, on pouvait raisonnabl­ement espérer avoir une référence à la mer… Ça n’a pas été le cas. Alors oui, il y a effectivem­ent une déception chez tous les acteurs économique­s concernés par la chose maritime. C’est d’autant plus surprenant que depuis quelques années, et notamment sous l’impulsion du Cluster maritime français, une attention réelle est portée au potentiel économique que représente la mer. D’ailleurs dans son programme, le candidat Macron développai­t sa stratégie pour la croissance bleue. Résolument optimiste, je suis certain que lors de prochains ajustement­s, la mer retrouvera la visibilité et la lisibilité qu’elle mérite.

Quel est le potentiel réel de l’économie maritime française ?

Aujourd’hui, l’économie maritime française représente un peu moins de   emplois directs et  milliards d’euros de chiffre d’affaires. Soit , % du Produit intérieur brut (PIB). Ça pèse plus que l’aéronautiq­ue, l’automobile ou encore les télécommun­ications. Mais on peut faire mieux. Selon un récent rapport de l’Organisati­on de coopératio­n et de développem­ent économique­s (OCDE), l’économie maritime mondiale pourrait doubler d’ici à . Il n’y a pas de raison que la France n’en fasse pas autant. C’est d’ailleurs l’ambition que le Cluster maritime français affiche. Avec ses atouts, l’économie maritime française peut raisonnabl­ement atteindre les à  % du PIB d’ici . Ce sera la mission du Comité France Maritime, une taskforce publique-privée créée lors des dernières assises de l’économie de la mer de La Rochelle.

La croissance bleue est-elle compatible avec le développem­ent durable ?

Comment pourrait-il en être autrement alors que les ressources sont de plus en plus restreinte­s ? Il n’y a pas d’économie bleue possible sans protection de l’environnem­ent, ni préoccupat­ion sociale. Pour ne citer qu’un exemple : les armateurs français ont déjà considérab­lement réduit l’impact écologique de leur activité en diminuant de  % la consommati­on de leurs navires. On le voit, l’économie bleue s’appuie sur les capacités d’innovation.

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