Cancers chez les plus âgés, la « juste prescription » Soins
A l’occasion du congrès Monaco Age Oncologie, des professionnels d’horizons différents ont validé des recommandations sur l’usage des molécules chez les patients âgés
Avec la progression de l’espérance de vie, on estime qu’en 2030, trois quarts des cancers concerneront des personnes de plus de 70 ans. Une population très hétérogène, à tous points de vue, et notamment en termes d’état de santé. Ce qui pose de vrais problèmes de prise en charge. Quelles molécules anticancéreuses peuvent être prescrites ? Dans quelles conditions ? Selon quels critères ? Autant de questions abordées lors du congrès Monaco Age Oncologie (MAO), qui réunissait des professionnels de santé d’horizons très divers (rééducateurs, infirmières, oncologues, gériatres… etc.). Avec un objectif: échanger, partager les expériences et les pratiques et établir des recommandations sur l’usage des molécules anticancéreuses (anciennes et nouvelles) chez les patients de plus de 70 ans. Tous les protocoles actuels, chimiothérapie, chirurgie etc. sont en effet standardisés pour des personnes de 50 à 65 ans, les essais thérapeutiques ayant été menés dans cette tranche d’âge.
Un avis gériatrique
Or, l’approche est plus complexe lorsqu’il s’agit des patients plus âgés, parmi lesquels on retrouve des personnes en pleine forme, quand d’autres sont très fragilisées par plusieurs affections chroniques. D’où la nécessité d’une expertise gériatrique en amont de la prise en charge. « Tous les établissements publics de la région et un certain nombre d’établissements privés, à l’instar du groupe Saint-George, s’appuient sur l’avis d’un gériatre spécialisé capable d’orienter vers la « juste prescription », note le Pr Olivier Guérin, chef du pôle gérontologie du CHU de Nice. Une étape essentielle pour augmenter les chances de guérison ; souvent en effet, les plus âgés font les frais d’une présomption de risque injustifiée. Par peur de leur faire subir les effets toxiques d’une chimiothérapie, on les prive de traitements efficaces. ou alors, à l’opposé, ils sont traités par des médicaments, trop toxiques pour leur organisme.
Acculturation progressive
«Il existe une acculturation progressive à l’oncogériatrie ; de plus en plus de cancérologues sont sensibilisés et sollicitent un avis gériatrique, avant la mise en place de protocoles chez leurs patients âgés », reconnaît le Pr Guérin. Il reste que certains patients âgés échappent toujours à cet avis; « les familles ou les patients euxmêmes peuvent demander à leur oncologue d’être référés à un oncogériatre », informe le spécialiste. Il est légitime, quel que soit son âge, d’espérer disposer des armes les plus adaptées au combat contre une maladie protéiforme par nature.