Économie : l’heure du rebond ?
Après la crise, la reprise ! Dans les Alpes-Maritimes et le Var, les voyants économiques passent au vert. Doucement mais sûrement...
L« ’économie repart…» «Les voyants
passent au vert. » Après des années de crise, ces petites phrases que l’on entend de plus en plus souvent dans la bouche des patrons ou des experts font un bien fou au moral. Une reprise d’autant plus surprenante lorsque l’on sait les années électorales frappées d’incertitudes et d’attentisme. Certes, ce n’est pas encore une croissance à deux chiffres, loin s’en faut, mais les indicateurs semblent étayer un léger décollage de l’activité économique sur le territoire. Feu de paille ? Phénomène durable ? Qu’en est-il vraiment ? Quels sont les secteurs qui recrutent dans les Alpes-Maritimes et le Var ? Quels sont ceux qui connaissent la plus forte augmentation ?
Intentions d’embauche en hausse
Comment mesurer la reprise de l’activité ? « Un des indicateurs se trouve dans les intentions d’embauche », expliquent Ghislaine Ellena et Hélène Blanc, de la direction territoriale de Pôle emploi dans les Alpes-Maritimes, qui disposent de trois sources pour analyser la situation. L’enquête Besoin en main-d’oeuvre (BMO) de Pôle emploi est un questionnaire adressé à plus de 1,6 million d’établissements en France, afin de connaître leurs besoins en recrutement par secteur d’activité et par bassin d’emploi pour l’année suivante. Autre source : les offres déposées à Pôle emploi du 1er janvier au 31 juillet 2017 et enfin, les déclarations préalables à l’embauche par l’entreprise (DPAE), procédure systématique qu’une société souhaitant recruter doit effectuer auprès de l’URSSAF. Qu’en ressort-il ? Les trois convergent pour confirmer une reprise de l’activité dans les Alpes-Maritimes et le Var au premier semestre 2017 et ce, malgré l’élection présidentielle. Concernant l’enquête BMO, 42 020 intentions d’embauche ont été exprimées par les entreprises dans les Alpes-Maritimes – chiffre qui s’élève à 44 648 lorsqu’on y ajoute le bassin d’emploi monégasque – en hausse de 8,2 % par rapport à 2016. Cela correspond à 20 % des projets en Paca et place les Alpes-Maritimes deuxième département en termes de propositions de recrutement, derrière les Bouches-du-Rhône (77 643 intentions d’embauche). Le Var prend la troisième place, avec 41 050 projets de recrutement, dont 58 % sont liés à une activité saisonnière (42 % pour le 06). « Dans les Alpes-Maritimes, souligne Ghislaine Ellena, nous observons sur les sept premiers mois de l’année une cohérence entre les intentions d’embauche annoncées lors de l’enquête BMO et les offres d’emploi enregistrées : +7 % .»
Secteurs traditionnels stables en volume
Côté varois, « le nombre de déclarations d’embauches de janvier à juillet 2017 s’élève à 306 116, en hausse de 16 % par rapport à
la même période de l’année dernière », détaille Frantz Lancet, chargé de mission à la direction territoriale du Var de Pôle emploi. Autre facteur confirmant la hausse de l’indice de confiance des entreprises : les embauches en CDI ou CDD de six mois et plus qui augmentent plus rapidement que les contrats courts. Sans surprise, les secteurs les plus recruteurs en volume sont ceux représentatifs du tissu économique des deux départements. « Dans le 06, en volume d’offres, l’évolution est positive ou stable dans l’hôtellerie-restauration (+3,2 %) ; la santé et les services à la personne (+4 %) ; le commerce (+0,6 %) et
l’intérim », explique la directrice territoriale du 06. Oui, l’hôtellerie croît de 3 %, mais cette augmentation est inférieure à la moyenne de 7 % du département. Est-ce un effet collatéral de l’attentat du 14-Juillet ? L’hôtellerie, la restauration et le commerce sont les plus employeurs dans le Var, mais pas obligatoirement ceux qui se portent le mieux. Pour preuve, le commerce est plutôt en légère baisse d’embauche par rapport à 2016.
Les plus recruteurs
En revanche, d’autres secteurs, même s’ils ne sont pas les plus recruteurs, connaissent un fort accroissement au niveau des offres enregistrées par Pôle emploi. Dans les Alpes-Maritimes, la construction explose avec + 85 % d’offres déposées en 2017 et les services aux entreprises (comptabilité, juridique, contrôle qualité ou de gestion, marketing) enregistrent + 32 %. Dans le Var, les activités de soutien aux entreprises augmentent de 31 % ; les transports et entreposage de + 29,6 % et le bâtiment de + 26,9 %. « À l’exception de grands groupes qui conservent en interne la gestion de la paye, le service juridique…, les TPE-PME qui constituent en grande majorité le tissu économique varois préfèrent externaliser ces services en les confiant à des cabinets spécialisés, analyse
Frantz Lancet. Cela se comprend d’autant plus que les obligations légales et réglementaires des employeurs évoluent beaucoup. Il faut être en veille permanente et les petites entreprises n’en ont pas les moyens. Le secteur du bâtiment, qui a vu ses effectifs salariés baisser depuis la crise de 2008, va mieux parce qu’il y a eu beaucoup de travaux publics et gros oeuvre, ainsi que des travaux de rénovation et de maintenance dans les maisons secondaires, très nombreuses dans le Var. Enfin, les transports et l’entreposage sont également un indicateur de reprise d’activité. Les entreprises pratiquant la gestion zéro stock font appel aux transporteurs lorsque leur activité augmente. » Que ce soit dans les Alpes-Maritimes ou le Var, les voyants sont pour l’heure au vert, cette légère reprise se confirme par la reprise de l’intérim qui est l’avant-veille d’un recrutement plus durable. La fin de l’année suivra-t-elle la tendance amorcée ? La rentrée s’annonce sous tension avec les différentes réformes qu’entend engager le gouvernement. Il ne faudrait pas que le vert ne vire à nouveau au rouge.