La presse, alliée du progrès
Conçu pour répondre à la problématique du dépistage précoce du cancer du poumon, le protocole Air a recruté une grande partie de ses participants parmi nos lecteurs
La presse écrite, et la PQR (Presse quotidienne régionale, Ndlr) en particulier, ont fait presque aussi bien que l’hôpital et les médecins référents!» Le Pr Charles-Hugo Marquette examine encore surpris, les résultats de l’enquête qu’il a lancée et dont les conclusions viennent de tomber. « Nous voulions répondre à la question suivante : quelle est la méthode de communication la plus efficace pour recruter des patients dans le cadre d’une étude clinique?» En l’occurrence, le projet Air, dont l’objectif est de valider une nouvelle méthode non invasive de dépistage du cancer des poumons (lire encadré). « La population que nous recherchions pour ce protocole était très ciblée, puisqu’il s’agissait de personnes à haut risque de développer un cancer des poumons dans les années à venir. Les premiers patients ont pu être recrutés directement dans le cadre hospitalier, mais l’objectif étant élevé, la question du recrutement chez des patients hors milieu hospitalier s’est vite posée. » C’est ainsi que le centre niçois a choisi de démuliptiplier les modes d’informations du public, durant toute la durée du recrutement (entre le 9 novembre 2015 et le 28 février 2017): sites d’informations médicales, reportages télés, web, radio… « L’immense majorité des patients qui se sont présentés, nous ont confié avoir découvert l’existence de ce protocole, grâce à un article dans votre quotidien. Nous avions réalisé que la publication de chacun d’entre eux provoquait un pic d’appels. Mais, il arrivait que nous soyons contactés par des personnes nous disant : “J’ai lu il y a 3 ou 4 mois… ”, signifiant qu’ils avaient conservé l’article pendant tout ce temps » ! Mais, encore plus surprenant pour le spécialiste, cette voie de recrutement s’est révélée très efficace, puisque plus d’un quart des patients arrivés par voie de presse répondait bien aux critères leur permettant de bénéficier de ce protocole. « Ce qui signifie que l’information diffusée était pertinente », se réjouit le Pr Marquette.
Attention à l’information brute
Si cette étude a démontré le rôle potentiel de la presse comme vecteur d’information pour les promoteurs d’essais cliniques, le Pr Marquette pointe aussi l’intérêt pour les patients lecteurs. « L’information n’est pas seulement utile aux chercheurs. Elle permet aussi aux malades de trouver des protocoles de recherches susceptibles de les intéresser et dans lesquels ils pourraient être inclus.» Si le Pr Marquette affiche un enthousiasme non feint, il reconnaît que la médiatisation n’est pas sans risque. « Elle peut produire des effets délétères. Lorsque c’est une information brute qui est transmise, non comprise ni digérée par le journaliste, plus soucieux de faire du sensationnalisme que d’informer, cela peut être dangereux pour les patients, dans la mesure où cela Le protocole, Air, c’est quoi ? génère des espoirs énormes. » Il veut conclure en saluant la prudence et le professionnalisme de l’équipe Santé de son journal «qui s’efforce de recouper les informations et de s’appuyer sur des avis experts. » Une confidence ? « Non, je ne suis pas abonné. Mais, mes beaux-parents sont des lecteurs fidèles, et ils me communiquent systématiquement les infos santé dans la région. Pour être honnête, il est fréquent que je découvre des choses que j’ignorais : Tiens, je ne savais pas que dans telle clinique, ils faisaient ça ! »