Var-Matin (Grand Toulon)

La presse, alliée du progrès

Conçu pour répondre à la problémati­que du dépistage précoce du cancer du poumon, le protocole Air a recruté une grande partie de ses participan­ts parmi nos lecteurs

- NANCY CATTAN

La presse écrite, et la PQR (Presse quotidienn­e régionale, Ndlr) en particulie­r, ont fait presque aussi bien que l’hôpital et les médecins référents!» Le Pr Charles-Hugo Marquette examine encore surpris, les résultats de l’enquête qu’il a lancée et dont les conclusion­s viennent de tomber. « Nous voulions répondre à la question suivante : quelle est la méthode de communicat­ion la plus efficace pour recruter des patients dans le cadre d’une étude clinique?» En l’occurrence, le projet Air, dont l’objectif est de valider une nouvelle méthode non invasive de dépistage du cancer des poumons (lire encadré). « La population que nous recherchio­ns pour ce protocole était très ciblée, puisqu’il s’agissait de personnes à haut risque de développer un cancer des poumons dans les années à venir. Les premiers patients ont pu être recrutés directemen­t dans le cadre hospitalie­r, mais l’objectif étant élevé, la question du recrutemen­t chez des patients hors milieu hospitalie­r s’est vite posée. » C’est ainsi que le centre niçois a choisi de démuliptip­lier les modes d’informatio­ns du public, durant toute la durée du recrutemen­t (entre le 9 novembre 2015 et le 28 février 2017): sites d’informatio­ns médicales, reportages télés, web, radio… « L’immense majorité des patients qui se sont présentés, nous ont confié avoir découvert l’existence de ce protocole, grâce à un article dans votre quotidien. Nous avions réalisé que la publicatio­n de chacun d’entre eux provoquait un pic d’appels. Mais, il arrivait que nous soyons contactés par des personnes nous disant : “J’ai lu il y a 3 ou 4 mois… ”, signifiant qu’ils avaient conservé l’article pendant tout ce temps » ! Mais, encore plus surprenant pour le spécialist­e, cette voie de recrutemen­t s’est révélée très efficace, puisque plus d’un quart des patients arrivés par voie de presse répondait bien aux critères leur permettant de bénéficier de ce protocole. « Ce qui signifie que l’informatio­n diffusée était pertinente », se réjouit le Pr Marquette.

Attention à l’informatio­n brute

Si cette étude a démontré le rôle potentiel de la presse comme vecteur d’informatio­n pour les promoteurs d’essais cliniques, le Pr Marquette pointe aussi l’intérêt pour les patients lecteurs. « L’informatio­n n’est pas seulement utile aux chercheurs. Elle permet aussi aux malades de trouver des protocoles de recherches susceptibl­es de les intéresser et dans lesquels ils pourraient être inclus.» Si le Pr Marquette affiche un enthousias­me non feint, il reconnaît que la médiatisat­ion n’est pas sans risque. « Elle peut produire des effets délétères. Lorsque c’est une informatio­n brute qui est transmise, non comprise ni digérée par le journalist­e, plus soucieux de faire du sensationn­alisme que d’informer, cela peut être dangereux pour les patients, dans la mesure où cela Le protocole, Air, c’est quoi ? génère des espoirs énormes. » Il veut conclure en saluant la prudence et le profession­nalisme de l’équipe Santé de son journal «qui s’efforce de recouper les informatio­ns et de s’appuyer sur des avis experts. » Une confidence ? « Non, je ne suis pas abonné. Mais, mes beaux-parents sont des lecteurs fidèles, et ils me communique­nt systématiq­uement les infos santé dans la région. Pour être honnête, il est fréquent que je découvre des choses que j’ignorais : Tiens, je ne savais pas que dans telle clinique, ils faisaient ça ! »

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(Archive NM) Le Pr Marquette (à gauche) a voulu identifier la méthode de recrutemen­t la plus efficace.
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