Var-Matin (Grand Toulon)

L’épicier, le bar et les coups de tête à Saint-Jean-du-Var

Le tribunal correction­nel a entendu hier deux prévenus, pour des faits de violence en réunion commis entre la terrasse d’un bar et le magasin de bonbons adjacent. Sur un air de Far West

- SO. B.

« Sur l’histoire des armes, ils en ont rajouté. Mes neveux étaient encerclés. Moi, j’ai senti le danger.» Roger G., 27 ans, ne se souvient pas de tous les détails, mais il en est sûr, «j’ai mis deux coups de poing et je n’avais pas de couteau ». Ce n’est qu’un extrait des violences commises le 9 juillet 2016, sur le boulevard Maréchal-Joffre à Toulon. Hier, le tribunal correction­nel a examiné trois dossiers qui menaient tous à un même bout de rue aux allures de Far West, entre la terrasse d’un bar et le magasin de bonbons adjacent.

« Les coups de tête, je les mets bien »

Cédric M., 42 ans, était là, lui aussi. « J’ai mis un coup de tête – je les mets bien, dit-il fièrement .Ilyena un qui était KO, à quatre pattes, pas besoin d’en rajouter. À un autre, j’ai mis une patate. J’avais pas besoin de matraque.» Il s’avoue étonné que quelqu’un a pensé à porter plainte. « C’est une bagarre, rien de plus. Je suis retourné à l’anniversai­re de ma femme. »

« Faire le kéké à la barre, ça suffit »

La juge est vite excédée par l’attitude des prévenus. « Faire le kéké à la barre, ça suffit. » Le procureur estime qu’ils veulent « faire la loi, avec les poings et la tête dans le quartier de Saint-Jean-du-Var ». Il requiert 6 mois à l’encontre de Roger G. et 10 mois contre Cédric M. (tous deux ont des casiers). Toutes les victimes ne sont pas sur le banc des parties civiles. Deux clients du magasin de bonbons se sont fait frapper (8 et 10 jours d’ITT), mais sont absents. Seul le couple de gérants est allé demander justice – l’épicier étant blessé lui aussi (5 jours d’ITT). Le contexte est celui d’un contentieu­x avec la gérante du bar voisin, dont le frère et le beau-frère sont soupçonnés des violences. « On aurait pu penser à une chikaya de village, mais cela pourrait très mal finir, met en garde Me Michel Mas pour les parties civiles. Je ne souhaite à personne d’avoir comme voisin cette famille.» La gérante du bar aurait dit à son voisin : « “Je connais du monde, je vais t’envoyer des mecs pour te buter”, relate Me Mas. Elle tient ses promesses. »

Un briquet en forme de pistolet

Un autre épisode éclate fin août, des soupçons de menaces avec arme, cette fois en présence des deux filles du couple. Seul poursuivi, Cédric M. nie avoir eu une arme en main, mais un briquet en forme de pistolet. Il dit au contraire qu’il a été agressé : « Je suis rentré cabossé.»

« Ce n’est pas blanc d’un côté, noir de l’autre »

En défense, Me Frédéric Casanova reconnaît que son client « se présente tel qu’il est ».« C’est la franchise qui parle à votre barre. Violent, il l’est, mais dangereux, non. » L’avocat veut convaincre que « le dossier n’est pas blanc d’un côté, noir de l’autre ». Il plaide « la légitime défense » dans le second dossier. L’audience s’achève par un troisième volet, encore un frère de la même famille. Menace de mort à l’encontre de la gérante du magasin de bonbons, de ses filles et d’un client. Abdelah G. est reconnu coupable sur le champ, mais lui pense « être victime d’un complot ». Trois mois avec sursis. Les deux premiers prévenus seront fixés le 21 décembre.

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