Le grand non-dit d’Emmanuel Macron
Après une semaine de communication intensive, force est de constater que le chef de l’État ne s’est pas aventuré sur quelques dossiers fondamentaux, se consacrant surtout à démontrer la nécessité de ses réformes. On aurait aimé, notamment, l’entendre sur la performance française la plus préoccupante dévoilée ces derniers jours : le niveau atteint en dans notre pays par les prélèvements obligatoires, c’est-à-dire les impôts et cotisations sociales versées à l’État
et aux administrations publiques. Un record : , % du Produit intérieur brut (PIB). Un taux jamais atteint jusqu’alors, qui fait aussi de la France le recordman européen en ce domaine. Au même titre que celle du chômage, cette courbe n’a jamais été inversée depuis ans. Pas plus que ses prédécesseurs, Emmanuel Macron ne semble s’en alarmer outre mesure. Certes, il multiplie les réformes mais il n’a pas engagé la baisse des dépenses publiques,
source de ces prélèvements écrasants. Et si le déficit du budget est enfin repassé en sous la barre des %, c’est uniquement parce que la croissance a amélioré les rentrées fiscales. Ce constat devrait pourtant faire de cette question une priorité absolue. Car, malgré ces prélèvements croissants, notre pays peine à se redresser.
Les Français sont donc plus que jamais fondés à poser cette question qui n’a rien de populiste : que faites-vous de notre argent ? L’interrogation est encore plus justifiée lorsqu’on examine, dans le détail, l’évolution du PIB français. Notre richesse nationale heureusement augmente, mais de manière boiteuse : le produit intérieur brut est constitué à la fois d’un « PIB marchand » et d’un « PIB non marchand ». Dans une économie mondialisée, l’envol du PIB marchand est
évidemment un signe de bonne santé. Il a bien augmenté de , % au cours de la dernière décennie mais, pendant la même période, le PIB non marchand, qui ne rapporte pas d’argent, a bondi de , %. Bref, la dépense publique pète de santé et, paradoxe, les services publics, l’hôpital, l’éducation sont en crise. Autant dire que le pays est mal géré. Et rien n’indique que, sur ce problème de fond, les choses soient en train de changer. C’est sans doute pour cela qu’Emmanuel Macron n’en parle pas aux Français.