Sur tous les fronts
Un semestre après son élection, on ne peut pas reprocher grand-chose à Emmanuel Macron sinon de nous avoir confisqué l’alternance en sonnant le glas de la droite et de la gauche. Pour le reste, quand il ne visite pas les banlieues défavorisées, il sacrifie son sommeil et sa vie de couple à la tournée des popotes diplomatiques. Alain Juppé ne s’y est pas trompé qui, après avoir éduqué le Premier ministre, cautionne maintenant le président de la République. Alors, à quoi attribuer le défaut de popularité de l’actuel locataire de l’Élysée dont la commémoration du -Novembre demeurera comme un modèle d’authentique émotion et de silence exceptionnel ? Serait-ce parce qu’on a offert la magistrature suprême à un moins de ans qui ne rate pas une occasion de la solenniser ? Certes, sur son portrait officiel il ne porte plus le frac et il a remplacé Les Essais de Montaigne par deux téléphones portables. Mais le -Novembre au lieu de descendre les Champs-Elysées, comme Hollande, à bord d’une familiale au toit ouvrant bloqué sous la pluie, il a dû prendre un certain plaisir à régler son allure sur celle de la Garde républicaine l’entourant d’un faste que les chevaux rendent anachroniques. Sans doute, ne lui manque-t-il que la bonhomie et la simplicité. Car les Français n’ont pas changé : ils choisissent en principe le meilleur d’entre eux mais acceptent mal que, comme Giscard, il ne leur ressemble pas du tout.