Hollande, le retour?
François Hollande redouterait-il qu’on ne l’oublie définitivement ? Depuis sa sortie de l’Élysée, il s’est employé très régulièrement à laisser de petits cailloux blancs sur son chemin. En vérité, possédé par la politique, il lui est impossible, comme Nicolas Sarkozy d’ailleurs, de s’en éloigner. Le voici donc qui revient dans un entretien accordé au Monde sur son terrain de jeu favori pendant sa présidence : la politique étrangère. On se souvient de son exclamation spontanée devant une foule hystérique le février au Mali, où il avait dépêché trois semaines plus tôt des troupes tricolores pour endiguer l’avancée des forces djihadistes : « C’est le plus beau jour de ma carrière politique ! » Un moment d’hybris révélateur de l’orgueil et de la fierté de cet homme qui aime tant se draper dans la normalité. Le domaine dit réservé est, il est vrai, le seul dans lequel il a pu durant son quinquennat agir à sa guise, laisser aller son tempérament guerrier, sans se préoccuper de sa majorité. Sans doute imagine-t-il avoir marqué l’histoire sur ce terrainlà, notamment en Afrique en y déployant des forces pour contrer la poussée islamiste. La France, disait-il alors, ne restera pas longtemps sur ces terres en guerre. En vérité, nos armées y sont toujours. L’intervention était nécessaire, donc bien vue, la vision sur sa durée en revanche était à côté de la plaque. Hollande le stratège ne s’arrête pas aujourd’hui à cette erreur d’appréciation. Il a décidé de parler de politique internationale au nom de son expérience que, de toute évidence, il juge incomparable. Oubliant qu’il n’est plus président, il déclare se sentir « responsable » de ce qui se passe à la Ghouta, ce quartier de Damas tenu par les opposants à Bachar al-Assad, transformé depuis des semaines par le tyran syrien, avec la complicité de Vladimir Poutine, en cimetière à ciel ouvert. Son point de vue mérite, certes, d’être pris en compte mais Hollande fait du Hollande : il décortique, conseille, analyse ce que l’on sait déjà. Ainsi pointe-t-il du doigt Moscou, Damas et les Turcs qui, membres de l’Otan, pilonnent, eux, les Kurdes de Syrie si actifs hier dans la coalition anti-Bachar. L’ancien Président se fait même un devoir de rappeler ce qu’il a essayé de faire ou fait, notamment pour les Kurdes. Mais, sérieusement, quel écho international peut aujourd’hui trouver cette parole ?