PAYSAGES FANTASMÉS
Les paysages d’Alice Grenier-Nebout sont des jardins d’Éden nous guidant vers une écologie attirante.
CLAIRIÈRE, SOUS-BOIS, JUNGLE… LES PAYSAGES D’ALICE GRENIER-NEBOUT SE DÉPLOIENT EN JARDINS D’ÉDEN. DENSITÉ DE LA FLORE, PRÉSENCE DES ANIMAUX, RAYONNEMENT DE LA LUMIÈRE, INTENSITÉ DES COULEURS ENTRAÎNENT, DANS UNE VISION HYPNOTIQUE D’UN PARADIS PAS TOUT À FAIT PERDU, VERS UNE SENSIBILISATION TRÈS ATTIRANTE À L’ÉCOLOGIE.
Dans ma dernière série sur les forêts, l’homme est moins présent. J’ai voulu mettre en avant la force suprême des arbres. C’est une revendication sans en être une, j’aimerais que les gens à travers l’art s’interrogent sur ce qui est en train de disparaître, la faune, la flore. Sur la toile, je crée une communauté parfaite entre l’homme, les animaux et la nature. » Par son approche de la matière, son alternance entre des touches épaisses, non finies, posées comme des éclats et des traits plus légers, en transparence, les fougères se font caresses, les pollens voltigent, les ombres attirent. Très tôt, Alice Grenier-Nebout s’imagine des mondes qu’elle dessine à la craie sur les trottoirs quand elle attend sa mère actrice ou son père cameraman. Sa première rencontre décisive avec la peinture, elle l’a eue quand elle partait en vacances avec lui au bord des grands lacs canadiens. « Il m’avait construit un radeau et j’ai peint directement sur le bois, entourée de cette nature majestueuse. De ce moment, il demeure un sentiment onirique. » Auprès de sa grand-mère céramiste, elle s’initie à la terre, à l’émail. « À 15 ans, je savais que je voulais faire les Beaux-Arts à Londres ou à New York, j’avais envie de sortir de Paris. » Elle intègre la célèbre école anglaise Central Saint Martins. « J’ai commencé à travailler la toile comme on ferait un potager, en mettant les mains dans la terre, je mélangeais le gesso – matière servant à préparer les fonds – à du sable puis j’utilisais des pastels. Je n’aimais pas la réalité, j’essayais d’en sortir, de créer des décors qui emmènent ailleurs. » En émerge, entre autres, Le Jardin des Délices, un grand format qui lui vaudra son diplôme avec les honneurs et sera immédiatement acheté par un collectionneur chinois. Aujourd’hui ses oeuvres gagnent encore en vibrations. « Je suis pour l’instant totalement éprise de l’indigo qui constitue la base. J’ai aussi troqué l’acrylique, le pastel sec pour le gras qui me permet d’ajouter des pointes de velours sur l’huile. Le tableau gagne en respiration. Je suis subjuguée par le rayonnement de la nature.
J’ai allégé mon écriture et je m’allège aussi ». Alice Grenier-Nebout est représentée à la galerie Exit Art
Contemporain où aura lieu sa troisième exposition en octobre.