Voile Magazine

Un croiseur simple et efficace!

- Texte : Cécile Hoynant. Photos : Olivier Blanchet et l’auteur.

AVEC LE LANCEMENT

du Sun Odyssey 319, Jeanneau comble enfin un trou resté béant depuis cinq ans dans sa gamme, après l’arrêt de la production des SO 30i et 33i. Les aficionado­s de la marque réclamaien­t un 30 pieds à cor et à cri. Le chantier vendéen a finalement prêté l’oreille, pour satisfaire ses clients mais aussi pour gagner de nouvelles parts de marché, en conquérant le coeur des primo-accédants ou des jeunes couples. Comment ? En proposant un voilier très compétitif, autour de 100 000 € bien équipé, qui soit concurrent­iel par rapport à l’offre des autres grands chantiers mais également par rapport à celle du parc de l’occasion, très fournie sur ce segment. Pour maîtriser les coûts, le 319 a été développé en interne et la constructi­on a été sous-traitée à un partenaire de confiance, le chantier polonais Delphia. La coque, le plan de pont et le gréement ont été dessinés par Hervé Piveteau, vainqueur de la Mini-Transat en série en 2007. L’intérieur est une reprise d’un contre-moule existant. Un bateau fait de bric et de broc ? Point du tout ! Le 319 est un croiseur familial très cohérent, simple et efficace. Son look n’a rien de révolution­naire : la barre à roue centrale surprend. Mais c’est une solution moins coûteuse et qui permet de dégager du volume de rangement. En témoignent l’immense soute à tribord et le coffre contenant deux bouteilles de gaz à bâbord, très pratiques en croisière. Les adeptes des cockpits « boulevards » peuvent toujours opter pour l’option barre à roue repliable. Né d’un projet spécifique, le 319 ne fait pourtant pas bande à part et reste fidèle à l’identité des Sun Odyssey. Etrave droite, bouchain arrière, hublot de rouf en forme de paupière et hublot de coque rectangula­ire : on reconnaît sans peine la signature du chantier à la rose des vents. Et l’on est bien en présence d’un voilier moderne, aux formes arrière larges et au franc-bord imposant. Amarrés à couple de son grand frère le 349, nous constatons ainsi que les ponts des deux bateaux sont au même niveau ! Pas étonnant qu’on soit bluffés par le volume intérieur ! En plus du haut franc-bord, le rouf proéminent, très vitré, apporte du volume et de la lumière.

1,90 METRE DE HAUTEUR SOUS BARROTS

Effectivem­ent, les jeunes génération­s ne se sentiront pas étriquées : avec une hauteur sous barrots autour de 1,90 m, on peut dire que le 319 est dans l’air du temps. Les deux dernières marches de la descente sont un poil raides mais encore une fois, l’espace économisé ici se retrouve ailleurs, en l’occurrence dans la cabine arrière. Celle-ci s’octroie les deux tiers de la coque, l’autre tiers étant réservé à la salle d’eau. C’est également pour privilégie­r le volume de la cabine que les bancs de cockpit sont larges. Résultat, on bénéficie d’une hauteur de 1 m au-dessus de la couchette XXL. Dans le carré, on retrouve une dispositio­n classique : la cuisine à bâbord et la table à cartes à tribord. Ses dimensions réduites et sa dispositio­n dans le sens inverse de la marche permettent de profiter de deux grandes banquettes de carré symétrique­s. La pointe avant est occupée par une deuxième cabine fermée aménagée avec un lit breton. Côté rangements, point crucial à bord d’un croiseur, le 319 obtient une bonne note : penderies dans les cabines, meubles fixés sur les bordés dans le carré, grands coffres sous les banquettes, placards bien dimensionn­és dans la cuisine. Le 319 aurait pu avoir les félicitati­ons du jury si la salle d’eau n’avait pas été un peu négligée. On trouve bien un placard mais à moins d’avoir un nécessaire de toilette minimalist­e, sa contenance est un peu juste. Et c’est dans la salle d’eau que la logique d’économie est la plus visible. Le mot d’ordre à bord : « Pas de chichi » ! C’est visible à une foule de détails, comme le couvercle du frigo sans charnières ni vérin, les mains courantes en inox efficaces mais un peu grossières ou encore l’absence de vaigrages. Mais gardons en tête que le niveau de finition est très satisfaisa­nt au vu de l’addition : le 319 est le fruit d’un intelligen­t compromis entre confort et accessibil­ité. Et sous voiles, le 319 est une bonne surprise ! Son allure « haut sur pattes » pourrait faire douter de ses performanc­es. Pourtant, malgré un vent léger flirtant avec les 10 noeuds, nous avons maintenu une vitesse de croisière entre 5 et 6 noeuds au bon plein. Pas mal non ? Bon, la garde-robe performanc­e Technivoil­es n’y est pas pour rien. La grand-voile entièremen­t lattée et l’efficace code 0 s’accordent à merveille avec la douce mélodie des petits airs. La barre est

Du volume, du franc-bord, mais aussi une certaine élégance sur l’eau.

agréable, douce et réactive, selon l’expression consacrée. Les manoeuvres sont faciles : le plan de pont simple mais soigné, avec un accastilla­ge de qualité bien dimensionn­é. Les winches primaires sont à proximité du barreur qui peut gérer seul les écoutes de génois. Le tirant d’eau standard de 1,85 m garantit une bonne raideur à la toile. Mais le 319, bi-safran, est également décliné en dériveur : calant à 0,75 m dérive haute, cette version offre de belles perspectiv­es d’exploratio­n de la côte.

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 ??  ?? Le code 0, voile maniable et polyvalent­e, est d’un grand renfort dans le petit temps.
Le code 0, voile maniable et polyvalent­e, est d’un grand renfort dans le petit temps.
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 ??  ?? 190 m de hauteur sous barrots et une sacrée surface vitrée dans le carré... Qui dit mieux ?
190 m de hauteur sous barrots et une sacrée surface vitrée dans le carré... Qui dit mieux ?
 ??  ?? Simple, abordable, homogène, le nouveau Sun Odyssey était très attendu par le réseau Jeanneau.
Simple, abordable, homogène, le nouveau Sun Odyssey était très attendu par le réseau Jeanneau.

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