VTT Magazine

Amaury Pierron

La saison d’amaury Pierron a tourné court fin août aux Ménuires après une énorme chute sur les championna­ts de France de DH. Écarté des pistes de et des podiums, le pilote Commencal Muc-off revient sur cette année 2020 bien particuliè­re…

- Pilote Commencal Muc-off Propos recueillis par Bertrand Thiebault

Te souviens-tu exactement de ce qui s’est passé aux Ménuires cet été, cette violente chute, les blessures ?

Une vraie saison de merde ! La période était déjà assez compliquée pour moi avant ce crash, j’avais eu du mal à me mettre dans le rythme sur les premières épreuves de coupe de France, avec des chutes, une main recousue… Mais aux Menuires, je voulais tout de même bien rouler, être vite. J’avais eu un peu de mal au début, mais pour la finale, j’étais bien… puis j’ai “buggé” sur le premier gros saut. Je me suis mis une boîte de l’espace ! Là, c’était la guerre, Rambo survivor ! Le cerveau a un peu coupé quand j’étais en l’air, je me suis quand même relevé, mais j’étais bien sonné. Puis j’ai vu mon doigt complèteme­nt à l’envers, j’ai même voulu le remettre droit direct, mais j’ai senti que j’avais aussi la clavicule pétée… Et au bout de trente secondes, j’ai ressenti d’énormes douleurs dans le dos. Là, je me suis allongé, c’était réglé. Luxation du doigt, clavicule cassée, fracture de l’apophyse des vertèbres L1/L2. Je crois que c’est la plus grosse boîte que j’ai jamais prise !

Aujourd’hui, où en es-tu ? Comment se passe la convalesce­nce ?

Ça commence vraiment à être long… Je suis bloqué dans mon canapé et il y a les courses qui arrivent ( interview réalisée juste avant les épreuves de Leogang en Autriche, ndr) et ça fait vraiment ch... Initialeme­nt, je ne devais pas me faire opérer de ma clavicule, mais au fil des radios, ça n’évoluait pas dans le bon sens, j’ai donc dû me faire opérer, trois semaines de perdues... Bon, le dos, ça va mieux, je n’ai plus de douleurs, je peux marcher un peu. Ça s’arrange et, d’ici une quinzaine de jours, si j’ai le feu vert, je devrais pouvoir attaquer la rééducatio­n si tout se passe bien.

Le moral, dans tout ça, il va comment ?

Bah, j’avoue qu’il y a plus de bas que de hauts... Mais si je déprime, je me tire une balle ! Soit tu regardes le soleil, soit tu regardes la pluie, alors je me raccroche au fait que 2020 est vraiment une année pourrie et je préfère que ça m’arrive sur une saison comme ça, complèteme­nt perturbée. Le plus dur, c’est d’être là scotché dans mon canapé, alors que les autres se tirent la bourre et se régalent sur leur vélo.

Comment se passent tes journées ?

Je m’occupe en organisant pas mal de choses à venir : ma rééducatio­n, ma préparatio­n, et ça prend du temps. Avant, je suis passé par des phases jeux de société, puis des films et des séries sur Netflix. J’ai épuisé tout le catalogue, j’suis à sec !

Avant cette blessure, tu la sentais comment, cette saison ?

C’était délicat, la période n’était pas optimale… J’avais besoin de prendre un peu de rythme, de me recaler. Ça faisait presque un an qu’on n’avait pas fait de course en raison de la crise du Covid, ça faisait bizarre et j’ai peut-être voulu reprendre un peu trop vite, trop fort, comme à la bonne époque. Je sais maintenant qu’il va falloir y aller “step by step”.

Justement, comment tu envisages la saison prochaine ? Des changement­s en vue ?

Non, ça reste sensibleme­nt pareil, je repars avec l’équipe Commencal Muc-off. Je vais essayer de faire une bonne préparatio­n hivernale sur le vélo pour être le plus en forme possible, progressiv­ement… en espérant qu’il y ait bien une saison 2021. Pour l’instant, j’attends l’autorisati­on de pouvoir remonter sur un vélo, mais pas encore pour faire de la descente, hein ! Juste pour aller traîner dans le quartier, ce sera déjà bon pour le moral.

Tu as suivi les résultats de tes adversaire­s ? Des surprises ?

Oui, c’est une année complèteme­nt chamboulée avec des résultats assez bouleversé­s. Benoit Coulange a fait une très belle saison nationale, je suis curieux de voir ce que ça va donner au niveau internatio­nal, en lui souhaitant que ça marche aussi bien. Pour Loïc ( Bruni), j’ai eu l’impression qu’il était un peu en galère, même s’il fait de très bons résultats et de super chronos. Mais je pense qu’en retrouvant ses gros adversaire­s sur le circuit internatio­nal, il saura remettre les pendules à l’heure ! Loris ( Vergier) aussi a fait de très belles choses. Puis il y a eu des absences, le team Canyon a un peu galéré, j’ai hâte de voir ce que ça va donner sur le circuit mondial. Mais bon, je ne suis pas tout de trop près, je regarde le minimum, juste les courses.

Revenir à mon niveau serait déjà pas mal !”

Tu as la réputation d’avoir un pilotage très (trop ?) engagé. C’est une force ou une faiblesse ?

Je pense que c’est une force. C’est dur à expliquer comme ça… C’est se mettre dans une espèce de zone qui permet de mieux se lâcher pour donner le meilleur. Quand je pars pour un run, c’est pour trois minutes, et j’estime qu’on peut donner de sa personne pendant trois minutes ! Je donne le maximum, tout simplement. Ma chute aux Menuires, ça n’a rien à voir avec ça, c’était juste une période compliquée et j’ai buggé, comme ton ordinateur qui crashe, tu ne sais pas pourquoi…

Pour positiver un peu, ton meilleur souvenir, c’est lequel ?

C’est chacune des victoires, mais celle des Gets ( coupe du monde 2019, premier devant Loïc Bruni), la veille de la Fête nationale, devant le public français à perte de vue, ça, c’était vraiment incroyable !

Et qu’est-ce qu’on peut te souhaiter après cette année de m… ?

Déjà de revenir à mon niveau, ce serait pas mal ! Parce que les autres ont continué de progresser, je vais avoir un peu de boulot. Puis j’ai envie de dire à tout le monde de bien profiter de la vie, amusez-vous bien sur votre vélo, et j’espère tous vous revoir très vite sur mon Supreme DH !

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