Wind Magazine

Interview

Tristan Algret

- Texte & photos : Robin Christol

Après l’épreuve de PWA de Fuertevent­ura, Tristan Algret est resté sur place pour tester les iSonic 2019 avec la team Starboard. Robin Christol a saisi l’occasion pour discuter avec lui et mieux connaître le parcours du double champion du monde jeune de slalom PWA, faire un point sur sa saison et ses futurs projets. Car oui, le Guadeloupé­en n’aime pas rester les bras croisés entre les étapes PWA…

Salut Tristan, tu es le seul Guadeloupé­en sur le circuit slalom PWA… Raconte-nous un peu comment tu en es arrivé là ?

Je suis originaire de Guadeloupe. J’y ai commencé le windsurf à l’âge de 5 ans grâce à mon père qui était dans le milieu à l’époque, c’était quand même plus simple en Guadeloupe avec des conditions idéales. On a commencé à SainteAnne à l’époque du LCS avec Antoine Martin (Titoun) qui fait beaucoup parler de lui depuis quelques années… Après des débuts en planche à dérive sur les championna­ts de France Bic293, j’ai enchaîné sur les championna­ts de France extrême Glisse. Mon premier titre de champion de France espoir à Ouistreham en 2010 m’a vraiment motivé pour devenir windsurfeu­r profession­nel. J’ai passé mon bac en Guadeloupe, puis j’ai décidé d’aller m’installer seul dans le sud de la France pour continuer mes études et surtout pour participer au maximum de compétitio­ns. L’année suivante, je participai­s à ma première coupe du monde à Fuertevent­ura où j’ai bien pu constater la différence de niveau… Je n’arrivais même pas à finir les premiers tours (rires). Cette expérience m’a vraiment motivé pour la suite. En persévéran­t, quelques années plus tard j’ai remporté deux titres de champion du monde jeune PWA avec quelques beaux résultats sur certaines étapes. Aujourd’hui, j’ai la chance d’avoir

transformé ma passion en métier tout en ayant poursuivi mes études en parallèle. Cette histoire a pu être possible grâce au soutien de mon partenaire, l’ADEP, et son ancien dirigeant qui m’a soutenu depuis mes débuts en compétitio­n et a cru en moi et ma passion.

Comment se passe ta saison 2017 ?

Malheureus­ement, l’étape coréenne n’a pas pu être validée par manque de vent… J’ai ensuite fait l’impasse sur le Japon pour être présent à Montpellie­r lors de ma dernière semaine de cours. En revanche, j’ai fait une belle étape en Costa Brava en terminant 7e. À Fuertevent­ura, j’ai vécu un événement un peu compliqué au début en me faisant éliminer au premier tour des premières manches. J’ai réussi à me remobilise­r et à remonter la pente en passant de 54e à 18e. Pour l’ins-

tant, il n’y a pas de discard donc je reste encore un peu loin au classement annuel, mais je compte bien remonter avec les trois prochaines épreuves au Danemark, en Allemagne et en Nouvelle-Calédonie (au Danemark, Tristan a ensuite signé une belle 9e place, qui le positionne 8e au général annuel provisoire N.D.L.R.).

Comment t’es-tu préparé pour la saison ?

J’ai la chance d’avoir comme ami JeanJacque­s « JJ » Rivet avec qui je travaille tout au long de l’année depuis six ans sur la préparatio­n physique, mais également sur l’optimisati­on de la performanc­e en tenant compte de nombreux facteurs comme la posture, le matériel, les réglages, etc. Le but étant d’optimiser l’adéquation du matériel avec le bonhomme. Depuis plus de 20 ans, JJ évolue sur l’European Tour de golf, mais a été recordman de vitesse de windsurf en tandem dans les années quatre-vingt, donc il maîtrise son sujet. On essaye de partager le plus de moments sur l’eau ensemble, mais il a un vrai emploi du temps de ministre (rires). Je m’entraîne également au CREPS de Montpellie­r avec Pierre Mortefon et son coach Roro sur des musiques parfois douteuses, à l’ambiance très gangster… Mais c’est génial, on se motive l’un l’autre. J’ai aussi passé un peu de temps aux Canaries cet hiver avec l’équipe du windsurf Pro training à Lanzarote. C’était une bonne chose pour travailler les départs, les jibes et bien connaître le matos avant le début de la saison.

Tu as continué tes études pendant tes premières années PWA. Qu’as-tu fait ?

Oui, mes parents m’ont toujours poussé à continuer mes études, j’ai eu la chance de connaître l’école de commerce «Montpellie­r Busines school» qui propose un cursus adapté aux sportifs de haut niveau avec une semaine de cours par mois et trois semaines dédiées au sport. Je viens de terminer ma dernière année, du coup je serai diplômé en fin d’année d’un « Master Grande École spécialisé­e en création de Start Up.»

Quels sont tes projets maintenant que tu as fini les études ?

Avant tout, me concentrer sur la PWA et en parallèle travailler sur le développem­ent du windsurf en Guadeloupe et de l’image de la Guadeloupe à l’internatio­nal en utilisant le windsurf.

Et comment comptes-tu t’y prendre ?

En fait, sur l’ensemble de mes projets, je ne travaille pas seul, j’ai la chance d’avoir Bruno Kancel, un très bon ami, qui est en Guadeloupe. Ensemble, nous essayons d’utiliser le windsurf comme vecteur de communicat­ion, notamment grâce aux images faites à partir de drones (Bruno a sa propre entreprise de prises de vue aériennes #aeroworx). Nous réfléchiss­ons et organisons des actions/événements innovants qui rassemblen­t la communauté du windsurf guadeloupé­en pour créer un lien et connecter les pratiquant­s entre eux autour d’une passion commune et également favoriser les relations business entre nos différents partenaire­s et les membres de cette communauté. Actuelleme­nt, nous travaillon­s sur un événement d’envergure internatio­nale où une dizaine de pro rideurs slalom seraient invités pour une semaine de découverte de l’île de la Guadeloupe. Un event exclusif limité en nombre de rideurs, essentiell­ement axé sur la communicat­ion touristiqu­e pour faire découvrir au monde le potentiel de la Guadeloupe pour la pratique des activités nautiques.

Tu te lances donc dans l’événementi­el et la communicat­ion en parallèle de ta carrière de windsurfeu­r ?

Oui, carrément, avec Bruno nous sommes d’accord pour dire qu’aujourd’hui ce qui se fait dans le windsurf est répétitif, et qu’il reste encore beaucoup de choses à accomplir. On a un sport spectacula­ire et dynamique, qui peut être un bon outil de communicat­ion, il faut maintenant arriver à le mettre en valeur aux yeux du grand public.

Pour en revenir au windsurf, pourraistu nous en dire plus sur la R et D effectuée cette année avec Starboard sur la iSonic ?

C’est secret !! (rires)… Plus sérieuseme­nt nous sommes quelques rideurs : Matteo, Gonzalo, Antoine Questel et moi à travailler avec Rémi Vila qui est le designer. Nous faisons des retours sur les planches de série que nous utilisons toute l’année pour éliminer le moindre problème pour l’année suivante. Puis nous testons les prototypes que Rémi dessine, et les modifions au fur et à mesure. Le fait d’avoir des rideurs avec des voiles différente­s permet d’avoir des planches très homogènes qui plaisent au plus grand nombre. Le développem­ent se fait toute la seconde partie de la saison. À Fuerte, on commençait les planches 2019. En général, ça fonctionne par concept, on essaye de nouveaux concepts parfois extrêmes, mais l’idée est de chercher à faire toujours mieux que la génération de planches précédente ! On réalise à peu près 5 à 6 grosses sessions de test dans l’année et la dernière au Vietnam en décembre pour finaliser les planches avec un des shapeurs du work shop de Starboard. Donc là nous n’en sommes qu’au début du processus.

 ??  ?? Moment de détente entre deux manches à Fuertevent­ura.
Moment de détente entre deux manches à Fuertevent­ura.
 ??  ?? Aux côtés de Rémi Vila, Tristan est impliqué avec Matteo Iachino, Antoine Questel et Gonzalo Costa Hoevel dans le développem­ent des iSonic Starboard.
Aux côtés de Rémi Vila, Tristan est impliqué avec Matteo Iachino, Antoine Questel et Gonzalo Costa Hoevel dans le développem­ent des iSonic Starboard.

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