Estrosi cultive sa bataille de l’emploi avec Jardin
Trois mois après la signature d’une convention inédite entre la Région et l’association « Bleu-Blanc-Zèbre », les deux hommes dressaient un premier bilan sur le terrain à Marseille
Et Christian Estrosi s’est souvenu qu’il était champion de moto. Autrefois, il n’en parlait pas. Face à une quinzaine de jeunes en tenues de sport, à l’auberge de jeunesse de Bois Luzy, à Marseille, le président de la Région les observe faire leurs exercices et leur proposemême un défi: « La prochaine fois, on se fera un 20 kilomètres et on grimpera un sommet de 3000 mètres. » Les jeunes reprennent au vol: « Avec plaisir! ». Inscritsàune formationd’un mois proposée par l’Agence pour l’éducation par le sport (Apels), qui fait partie du réseau « BleuBlanc-Zèbre » créé par Alexandre Jardin, ils apprennent les gestes, la tenue, le vocabulaire nécessaires pour leur futur métier: conseiller à labanque LCL. Celle-ci réserve en effet 10% de ses embauches annuelles à ce dispositif.
« Pas du social »
Ali, 23 ans, CAP vente en poche, lance à Christian Estrosi: « Je ne pensais jamais aller en banque. Mais ça prouve que rienn’est perdu dans la vie! ». « Vous nous donnez du
bonheur… », glisse l’élu, tout sourire. Il y a trois mois, lui et l’écrivain fantasque ont signé une convention inédite qui prévoit le versement de 2,4millions d’euros sur trois ans pour des dispositifs de retour vers l’emploi. « On ne fait pas du social », prévient Jean-Philippe Acensi, délégué général de l’Apels, qui pilote ledispositif. « On recrute et détecte les nouveaux talents. Peutêtre qu’ici, il y a le futur directeur de LCL! » Alexandre Jardin, dont le mouvement de « Faizeux » (ceux qui font, en oppositionàceux qui se contentent de parler…) se déploie à travers la France, tente ainsi de « réparer » le pays, en dehors des échéan- ces électorales, mêmes’il n’est pas dit qu’il n’ait pas en tête la volonté de se présenter à laprésidentielle en 2017: « Je me fiche des colorations politiques, étant donné l’état du pays! », grince-t-il. « Il y a un moment pour s’engueuler, ce sont les élections, et il y a un moment pour agir… » Récemment, on l’a vu envoyer une brique de laitàBruno Le Maire, qui avait commis l’impair, selon l’écrivain, de produire un programme de 1000 pages pour le pays… « Tu balayes les contingences politiques et je suis d’accord avec toi! », lui répond Christian Estrosi. « Moi non plus, ma conduite n’est pas dictée par un appareil politique… »
« On n’a pas tout essayé »
Difficile de chiffrer l’impact réel de cetteconvention, qui a lemérite de défricher et de mettre en valeur les démarchesde lasociétécivile. Surtout, l’envie est là. Et certains outils, comme le « Café contact de l’emploi » (dont la devise est limpide et pleine de bon sens: « Le contact d’abord, le CV ensuite »), qui rassemble des chômeurs et des chefs d’entreprise dans des bistrots et restaurants, a déjà fait ses preuves. Paul Landowski, qui a créé ilyadix ans ces rencontres en dehorsdePôle Emploi, préfère parler d’humains plutôt que de statistiques. Il s’enorgueillit quand même d’avoir suscité 181 « Cafés contacts » pour 20000 candidats, 100% d’entretiens et un taux de 8% de retour à l’emploi. De quoi concurrencer Pôle Emploi… « Toutes les politiques de l’emploi ont échoué », avance encore leprésident de la Région. « Il faut faire confiance au terrain car, pour autant, on n’a pas tout essayé. Il y a “no limit”! » Et, s’adressant aux jeunes qui seront bientôt derrière le guichet de LCL, et qui ont enfilé costumes impeccables et tailleurs: « Je courais en moto. Je n’ai pas le bac et j’ai été trois fois ministre. Donc vous êtes dans un pays où tout est possible, ayez ça en tête. Regardez-moi et dites-vous que ce qui est possible pour moi est possible pour vous. »
« Je n’ai pas le bac, et j’ai été trois fois ministre! » , a lancé Christian Estrosi aux jeunes de l’Agence pour l’éducation par le sport.