Les uns et les autres
Difficile de ne pas céder à la tentation de comparer le triomphal départ des concurrents du Vendée Globe avec les piteuses fuites des conseillers présidentiels et ministériels. Les premiers, fidèles à leur voeu de solitude, contraints de se passer d’assistance en faisant le tour de la Terre ; les seconds, jamais aussi nombreux en dépit de la promesse faite en de renoncer à leurs sureffectifs, secourus quotidiennement par une nuée de secrétaires et de chauffeurs. Les uns qui ne rendent de comptes qu’à Neptune ; les autres qui font leurs dévotions quotidiennes que pour conserver les faveurs du Prince. Les premiers, qui se nourrissent de rations lyophilisées ; les seconds qui se laissent inviter dans des restaurants étoilés. Les uns qui mettent le cap sur l’Equateur ; les autres qui n’espèrent plus qu’en Pôle Emploi. Les premiers n’auront le droit de faire escale nulle part ; les seconds s’arrêtent au premier bistrot venu. Si l’on ajoute que les uns auront cassé leur tirelire ou chassé pendant des mois le sponsor avant de réunir les fonds indispensables à leur aventure et que les autres ont seulement vécu aux frais de contribuables corvéables à merci, on comprend pourquoi certains verront leurs noms gravés sur le marbre en lettres d’or tandis que d’autres devront se contenter des quelques lignes de l’annuaire recensant les parasites.