De nouveaudépart
« Courir pour nos anges » : la solidarité donne des ailes
« D’habitudesurunmarathon, oncourt contre soi-même. Là, c’est une autre course. Oncourt pour d’autres personnes. Pour nos anges. » Silapeurdonnedesailes, lasolidarité aussi, parfois. EtienneGeneste, 39ans, résume l’état d’esprit qui anime sa bandedepotesvenusdeNice, SaintLaurent-du-VarouencoreVilleneuveLoubet. Âgésde 26à40ans, ilss’élanceront demain avec un brassard représentantuncoeur, cefameuxcoeur unissantlesnomsdes86victimesdécédéesle14-Juillet. Eux, maisaussides centainesd’autrescoureurs, leregard tourné vers le chrono, les pensées vagabondant bien plushaut.
« Montrer notre soutien »
« Courir pour nos anges » . Ainsi s’intitule l’opération de soutien aux victimes des attentats lancée par Sébastien Mulet, 30 ans, triathlète niçois membrede l’OlympicNice Natation (ONN), avecsonamiMathieuMinazio. « Depuis l’attentat, j’y pense chaque jour. Je voulais faire quelque chose, sans savoir quoi. J’ai d’abord pensé courir avec un brassard. Alors j’ai demandé l’autorisation à l’association PromenadedesAnges: jevoulais leur montrer mon soutien, surtout pas leur laisser penser que j’allais m’amuser pendant qu’eux souffraient... » Au fil des échanges, l’idée prend de l’ampleur. Sébastien décide de faire imprimerdeuxmillebrassards. LasociétéPerTougiouseprêteaujeusans frais. Les brassards s’écouleront 4 eurospièce, auprofitdel’association Promenade des Anges. Feu vert de sonsecrétairegénéral, VincentDelhomel-Desmarest. « Il s’est montré très enthousiaste, très content qu’onfasseça pour eux » , seréjouitSébastienMulet. Lancéele2novembresur Facebook, l’idée se propagedans les rangs des marathoniens. Etmêmeau-delà. Des centainesdelikesetdepartages, des commandes en rafale, descommentairesenthousiastesquipleuvent. Un remerciement touche particulièrement Sébastien : celui de Cindy, la jeunefemmequiaperdusixmembres de sa famille et prit la parole lors de l’hommagenational. « Ellem’aremercié d’avoir fait ça. Elle m’a dit qu’elle étaitcontentequ’onpenseàeux, qu’elle voudraitquejecontinue... C’est incroyable ! Dans le malheur indescriptible qu’elletraverse, elleparvientàseréjouir de notre initiative. Ça veut dire qu’à travers lepartage, onfaitquelquechose de bien. » Et pour faire les choses bien, justement, resteàs’entraîner.
« Çaaideàrelativiser »
Danslafraîcheurautomnalequienvahit la plaineduVar, Sébastien Mulet, ses frères Christophe et Rémi rejoignentleursamis, pourlaplupartlicenciésenclubeuxaussi. « Jefais ça pour le symbole. Pas pour la performance sportive » , préciseRémiMulet. « Çarajoute une dimension supplémentaire, du courage en plus, expliqueCharlesEdouardMarcellino. Onse dit qu’ona la chance de faire ce qu’on aime, en bonne santé. Ça permet de relativiser un certain nombre de choses... » Ils n’en oublient pas les sourires, le plaisir, legoût du collectif. Mais leregard de SébastienDuché, 40 ans, se rembrunitàl’heured’évoquercechallenge inédit. « On court pour notre liberté. Pour continuer à faire ce genre d’épreuve. C’est essentiel pour ne pas tomber dans l’objectif recherché : la peur et la négation de la vie. C’est une “ode à la vie” ! Après, certains le font aussipour l’aspect sportif, festif. Et être festif sur la Prom’, c’est unpeu tôt... »
savoir + Pour se procurer les brassards au profit des victimes, rendez-vous jusqu’à ce soir sur le stand dédié, au village du marathon, place Masséna à Nice