Les agents du fisc refusent de payer les pots cassés
À l’appel d’un mot d’ordre de grève national, des personnels des finances publiques ont cessé le travail hier. Notamment pour dénoncer les réductions d’effectifs annoncées
Les contribuables avaient jusqu’àhier minuit pour s’acquitter de leur taxe d’habitation. L’administration fiscale, habituellement très à cheval sur les dates, a finalement décidé de repousser l’échéance de 24 heures. Il faut dire que neuf de ses centres d’accueil dans les Alpes-Maritimes sont restés portes closes ce mardi. Conséquence d’un mot d’ordre de grève lancé unitairement par les syndicats FO, CGT et Solidaires. Unmot d’ordre très suivi dans le département où près de 30% des personnels de la direction départementale des finances publiques étaient en grève hier.
« postes supprimés depuis »
Ils entendaient ainsi protester contre la « dégradation de leurs conditions de travail » et les « suppressions d’em- plois » au sein de ce service public. « Nous perdons en moyenne, chaque année, une quarantaine de postes dans les Alpes-Maritimes » , assure Pascal Dumas, représentant FO. Et cela ne date pas d’hier. « Depuis 2002 ce sont près de 500 postes qui ont été supprimés dans ce département » , ajoute sa consoeur de la CGT, Odile Girard. « Petitàpetit la machine remplace l’homme » , constate cette syndicaliste qui pointe du doigt la mise en place par l’administration d’outils de déclaration numérique. Pour autant, à en croire ces représentants de l’administration fiscale, les réductions d’effectifsvouluespar Bercy ne seraient pas sans conséquences sur les usagers. « Les contribuables n’arrivent même plus à nous avoir au téléphone. Et dans un centre comme celui de CadéïàNice, qui est le second de France, avec 200000 personnes accueillies chaque année, il y a parfois une queuede centmètres sur le trottoir. » Les syndicats craignent que les conditions d’accueil du public se dégradent davantage encore avec les réformesàvenir. « Nous ne savons pas encore de combien sera la réduction d’effectif en 2017 » , reconnaît Pascal Dumas qui ne doute pas pour autant que l’administration fiscale devra une nouvelle fois payer son tribut sur l’autel cette fois de « lamise en place du prélève- ment à la source » . « On va encore nous parler de restructuration » , souffle Odile Girard. « On nous a déjà annoncé la fermeture des centres d’enregistrement des successions, des donations et des PV d’assemblées généralesàAntibes, Cagnes et Men- ton. Les usagers n’auront d’autre choix que de se déplacer à Grasse ou à Nice… » Du côté de la direction départementale des finances publiques on assure toutefois que ce ne sera pas le cas. « Les centres d’accueils subsisteront. Ils ne seront pas fermés. En revanche il y aura en fait deux créations de centres départementaux, au plus près du siège des deux tribunaux de commerce du département, pour ce qui est du traitement. » Il n’en demeure pas moins que les agents du fisc semblentdeplus en plusexaspérés de devoir à la fois percevoir les recettes fiscales tout en payant les pots cassés des réductions de dépenses publiques annoncées par le gouvernement. Cette grève, non reconductible, était l’expression de leur ras-le-bol hier.
À l’image du centre des impôts de la rue Cadéï, à Nice, neuf sites des finances publiques sont restés porte close hier dans le département.