Le lexique Favre
L’entraîneur suisse a déjà séduit le Gym et la L1 par ses compétences et sa chaleureuse personnalité. Son accent et ses expressions helvètes font le reste
Perfectionniste, passionné et exigeant, Lucien Favre a déjà conquis son monde en menant le Gym au sommet de la Ligue 1 après 12 journées. Sa personnalité, son francparler et la pertinence de ses propos prolongent l’opération séduction en conférence de presse. Jusqu’à filer même le sourire à l’assemblée quand le Vaudois balance une expression de sa Suisse natale. L’exemple est arrivé dès la première journée, après Rennes (1-0). « Plea ? Il est sorti à cause d’une tomate. Ben oui, ça rougit quand on reçoit un coup », s’était justifié l’entraîneur de 59 ans devant l’incrédulité générale.
« Quand il s’énerve, il gueule avec… calme »
Si les journalistes ont également entendu parler de « latte » pour la barre transversale, de « corridor » pour le couloir des vestiaires ou de « foul » pour une faute, les Aiglons ont eux aussi eu droit à quelques éclats de rire grâce au lexique de Lucien Favre. Lors des séances vidéos par exemple. Après avoir demandé autour de lui s’il y avait un « beamer » disponible, le coach décortique l’adversaire, les buts encaissés, « auto-goals » compris. « Quand il demande à rembobiner la vidéo, c’est marrant aussi, témoigne un membre du vestiaire. Il dit
“Reviens, reviens, reviens, reviens, reviens, reviens, reviens, reviens… Ça joue ! » Même les Suisses qui n’ont rien à voir avec le monde du foot disent « ça joue » pour « c’est ok » avec cet accent particulier qui met l’intonation sur l’avant-dernière syllabe. « Quand le coach s’énerve, l’accent ne lui permet pas d’exprimer sa colère. Tu sens que l’intonation est plus dure que d’ha-
bitude, mais en fait il gueule avec… calme, » sourit un autre salarié du club.
Il vouvoie tous ses joueurs
Chaleureux et souriant dans sa communication, Lucien Favre ne jongle pas avec les sautes d’humeur, ce n’est pas le genre de la maison. Dans le piredes cas, un événement contraire à ses désirs peut laisser paraître un semblant de catastrophisme. Mais jamais fermé au dialogue, et même plus ouvert qu’à ses débuts dans ce rôle d’entraîneur, Lucien Favre applique un inédit principe de base dans les échanges avec tous ses joueurs : le vouvoiement. Vous n’entendrez jamais non plus le coach parler de « ses gars » ou de « ses hommes », il mettra toujours en évidence « les joueurs » , « l’équipe », « le club » . Un credo qui lui permet de gérer son groupe dans une parfaite harmonie, coachs adjoints compris. « Adrian Ursea aussi peut utiliser des expressions originales comme “casaque” au lieu de “chasuble”, » conclut un autre Aiglon. Puisqu’on vous dit que Lucien Favre et son staff parlent la même langue.
Chaleureux et souriant, le technicien suisse ne transige pas avec le respect. Le vouvoiement est l’un des principes de base dans sa communication avec les joueurs (ici Seri, de dos).