Au temps des croisades
Comment vivait-on dans les États latins d’Orient? Une association varoise de passionnés d’histoire a décidé de faire connaître cette période fort méconnue en reconstituant la cour du roi de Jérusalem au XIIe siècle
Lemot croisade évoque bien des souvenirs dans notremémoire collective. Prêchées dès 1095 par le pape et les évêques, huit croisades ont été conduites par des comtes, princeset rois qui ont mené les soldats et pèlerins en Orient jusqu’au XIIIe siècle. Avec la conquête de la Terre sainte, vont naître quatre États latins d’Orient sur les terres du Dâr al-Islam: le comté d’Edesse (1098), la principauté d’Antioche (1098), le comté de Tripoli (11021109) et le royaume de Jérusalem (1099). Maiscomment vivait-on à lacour du premier roi de Jérusalem, Baudouin Ier (1100-1118)? L’association varoise « Les Seigneurs d’Orient » tente d’y répondreen intervenant dans les collèges et lycées de la région, ou à l’occasion de fêtes médiévales. Grâce à une troupe composée d’une vingtaine de passionnés d’histoire, pour partie d’historiens, d’enseignants et d’archéologues, ils reconstituent les personnages de la cour royale et du campement du roi lors d’une campagne militaire. Nous rencontrons ainsi Baudouin Ier accompagné de sa femme, la reine Arda. Ils sont escortés de leurs serviteurs et de leur garde royale composée notamment de guerriers latins et de mercenaires turcopoles. Une reconstitution haute en couleur, pour le plus grand plaisir dupublic dont la proximité crée une interaction. Pour parvenir à ce résultat, l’association présidée par Cyril Errera [lire ci-dessous], professeur d’histoire-géographie dans un collège mentonnais, fabrique et réparebeaucoup de ses armes, réalise des travaux de recherche historique.
« Pas des déguisements »
L’accent est également mis sur les échanges culturels, la rencontre entre les peuples, l’ouvertured’esprit de certains hommesde ce temps, et notamment de Baudouin Ier. « C’est un aspect essentiel de notre travail », souligne le président. La qualité des équipements et costumes est telle qu’ils sont prêtés pour illustrer des articles d’une revue historique ( Moyen Âge). « Nous proposons un contenu historique rigoureux. En effet, tous nos équipements sont reconstitués sur des bases sourcées (pièces de musée, iconographies, sources textuelles…), ce ne sont donc pas des déguisements, avertit Cyril Errera. Et comme l’association est composée de professeurs d’histoire, « notre troupe clarifie la géopolitique et les enjeux commerciaux dans le royaume de Jérusalem et replace nos personnages dans leur contexte historique, étant plus complexe que le simple choc des civilisations que nous envisageons habituellement », ajoute Cyril Errera. Une double démarche particulièrement appréciée du public.
Les combats sont exécutés en respectant scrupuleusement les règles d’engagement de l’époque.