Monaco-Matin

Arbitrage invalidé: Tapie devra-t-il rembourser plus vite que prévu?

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Survols d’hélicoptèr­es et patrouille­s d’un côté, appels aux renforts et aux rassemblem­ents de l’autre : gendarmes et zadistes affûtent ce week-end leurs préparatif­s avant l’opération d’expulsion des occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, annoncée comme imminente, près de trois mois après l’abandon du projet d’aéroport. « C’est le calme avant la tempête », résume Lucas, un « brasseur militant » installé au coeur de la zone occupée, qui s’étend sur 1 650 hectares. Mais, « le stress commence à monter» car « on sait qu’ils vont mettre le paquet ». L’opération, prévue en début de semaine, doit mobiliser sur plusieurs jours vingt-cinq escadrons de gendarmeri­e mobile, soit environ 2 500 (Photo PQR/Ouest France) militaires. Elle prévoit d’expulser toutes les personnes qui n’ont pas régularisé leur situation, en déclarant par exemple de nouveaux projets agricoles individuel­s. La quasi-totalité des 250 zadistes estimés sur place ne l’ont pas fait, préférant une gestion collective du territoire et la possibilit­é de mener des projets non agricoles. «Tous ceux qui ne s’inscrivent pas dans le cadre de la légalité devront quitter les terrains rapidement», a répété dimanche le Premier ministre, Édouard Philippe, dans une interview au Parisien. De son côté, l’Acipa, la principale associatio­n d’opposants à l’ex-projet d’aéroport, a appelé l’État « à ne pas enclencher le processus des expulsions et de la violence » et à privilégie­r « le dialogue ».

Quand Bernard Tapie devra-t-il rembourser l’argent perçu en 2008 lors de l’arbitrage – invalidé depuis – censé solder son litige avec le Crédit lyonnais ? La cour d’appel tranchera cette question demain, alors que l’homme d’affaires avait initialeme­nt obtenu un délai de six ans. En janvier, à l’audience, le ministère public et le Consortium de réalisatio­n (CDR), l’entité chargée de gérer le passif du Crédit lyonnais, avaient réclamé la liquidatio­n des sociétés de Bernard Tapie, condamné à rembourser les 404 millions d’euros reçus.

« Détourneme­nt de procédure »

«Dans cette affaire, nous avons un plan de sauvegarde qui n’en est pas un et nous avons, et je dis ça pudiquemen­t, un artifice de procédure mais c’est plutôt un détourneme­nt de procédure », avait alors relevé l’avocat général. En juin dernier, le tribunal de commerce de Paris avait La cour d’appel donnera sa décision ce mardi. (Photo PQR/Est Républicai­n)

permis à l’ancien patron de l’Olympique de Marseille d’étaler sur six ans, à partir de 2018, ce remboursem­ent et d’échapper à la saisie de ses biens. A la veille de l’annulation de l’arbitrage par la cour d’appel de Paris le 3 décembre 2015, l’actuel propriétai­re du journal La Provence, qui a révélé être atteint d’un cancer de l’estomac, avait placé ses sociétés GBT et FIBT en procédure

de sauvegarde, rendant ainsi leurs actifs inaccessib­les aux créanciers.

« Une mise à terre de Bernard Tapie »

C’est ce mécanisme que le tribunal de commerce avait validé dans son jugement. Par ailleurs, une informatio­n judiciaire avait été ouverte contre X pour « escroqueri­e» le 30 août concernant cette décision et un juge d’instructio­n enquête sur ce nouveau volet. « Le CDR et le ministère public se sont mis dans une logique de mise à terre de Bernard Tapie », avait martelé en janvier Me François Kopf, conseil de Bernard Tapie, dénonçant un dossier qui « rend fou et haineux ». L’autre enjeu de cette affaire tentaculai­re, au-delà du calendrier du remboursem­ent, est le montant que l’homme d’affaires de 75 ans aura effectivem­ent à payer. Le CDR estimait devoir recevoir, au global, 440 millions d’euros (les 404 millions initialeme­nt payés à M. Tapie plus les intérêts générés), répartis ainsi : 337 millions pour le CDR à proprement parler et 103 millions pour sa filiale CRD-Créances. Mais la justice a estimé qu’il aurait dû les répartir à parité et a donc raboté la créance du CDR de 117 millions d’euros, allégeant d’autant l’ardoise de M. Tapie. En prenant en compte les créances croisées, l’homme d’affaires avait déjà vu son reste à payer ramené à 280 millions d’euros.

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