État de droit
«Ce demi-siècle montre l’incurie dont fait preuve parfois l’État et la difficulté grandissante des gouvernants à imposer leurs décisions.»
Fixé à la fin du mois de mars, le rendez-vous du gouvernement pour l’évacuation de la zone de NotreDame-des-Landes n’aura eu que neuf jours de retard. Une peccadille pour en finir avec un dossier ouvert en . Cinquante et un an pour en arriver là ! Des années de tergiversation qui auront vu droite et gauche se prendre les pieds dans ce projet et laisser s’installer la chienlit sur la zone qui devait accueillir le nouvel aéroport de Nantes. Un ratage modèle ! Ce demi-siècle montre en effet l’incurie dont fait parfois preuve l’État et la difficulté grandissante des gouvernants à imposer leurs décisions. En vérité, une nouvelle infrastructure était sans doute indispensable pour la région nantaise. Le trafic aérien n’y a-t-il pas explosé ! L’aéroport Nantes-Atlantique est ainsi passé de passagers en à en ! La progression en pourcentage y a été la plus forte de tous les aéroports français. Et les prévisions de trafic ont largement été dépassées. Mais la lenteur et les hésitations dans la prise de décision ont eu raison du bon sens économique et laissé le champ libre à la contestation écologique de ceux que l’on appelle les « zadistes ». L’affaire est devenue du coup politique, révélant alors l’absence de courage des gouvernants successifs préférant renoncer au respect de l’état de droit plutôt que de recourir à la force pour l’imposer, avec les risques de dérapage que l’on sait. Même la démocratie locale n’y aura rien fait : consultés par référendum en juin , les habitants de Loire-Atlantique avaient dit « oui » au projet à plus de %. François Hollande, pour autant, ne fit rien, bafouant la parole des électeurs qu’il avait sollicités et refilant la patate chaude à son successeur. Sinistre partie qui s’est dénouée en deux temps : Emmanuel Macron a enterré le projet, donnant donc raison aux zadistes, puis, au nom de l’état de droit, il a fait reprendre hier le contrôle des lieux. Un abandon qui a rendu l’acte d’autorité moins périlleux. Celui-ci a au moins le mérite de clore quasiment l’affaire. En outre, cette évacuation arrive à point nommé. Nul doute qu’Emmanuel Macron a voulu adresser « en même temps » un message de fermeté aux cheminots. Mais c’est encore une autre épreuve !