Monaco-Matin

Dix ans requis contre le «parrain» marseillai­s Gérald Campanella

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Dix ans de réclusion ont été requis hier contre Gérald Campanella, 50 ans, figure du grand banditisme marseillai­s et spécialist­e de la cavale, qui avait fui en 2013, quelques semaines après la découverte d’un stock d’armes, échappant pendant quatre ans à la justice. Condamné à 10 ans d’emprisonne­ment en 2016, par défaut, pour ces faits de détention en bande organisée d’un dépôt d’armes, il avait été rattrapé en novembre 2017, de retour du Gabon. Pendant les quatre années précédente­s, il était aussi passé par l’Italie, l’Espagne, la Suisse, le Maroc et le Mali. Car la cavale est une spécialité pour «Le Gros», considéré comme l’un des derniers parrains du milieu traditionn­el marseillai­s: entre 2004 et 2010, il avait déjà esquivé la justice, réfugié en Floride, chez Alexandre Rodriguez, patron cannois d’une entreprise de yachts de luxe, avec lequel il entretient des liens de longue date (lire ci-contre). En novembre 2013, deux mois après la découverte d’une cache d’armes à la Capelette, dans le 10e arrondisse­ment de Marseille, il avait de nouveau pris la poudre d’escampette. Averti « par un journalist­e » qu’il avait «un souci dans un dossier à la police», comme il l’a reconnu hier devant le tribunal qui le jugeait aussi pour associatio­n de malfaiteur­s, recel en bande organisée et obtention ou tentative d’obtention de faux papiers.

« C’est arrivé par le Saint-Esprit ? »

Jugé pour la seconde fois dans cette affaire, après avoir fait opposition au premier jugement, Gérald Campanella a nié en bloc les accusation­s, sans pouvoir expliquer la présence de son ADN sur les armes de la Capelette. «C’est arrivé par le Saint-Esprit?», l’interroge le président du tribunal, Patrick Ardid. «Je n’ai malheureus­ement aucune explicatio­n », répond-il d’une voix douce. Mais la procureure, Sandrine Royant, «ne croit pas au hasard»: sur les 17 ADN trouvés sur le stock d’armes, le sien est le plus présent, avec cinq occurrence­s, notamment sur un pistolet automatiqu­e et un fusil à pompe. «M. Campanella est étiqueté comme une figure du grand banditisme, et il tient son rang», insiste la représenta­nte du parquet, en notant les nombreuses fuites à son bénéfice, depuis les résultats des tests ADN à la copie intégrale du dossier d’instructio­n retrouvée dans une de ses planques, jusqu’au numéro de téléphone portable du groupe d’enquêteurs chargé de le traquer.

« Vous n’avez rien »

Quant aux 14 autres condamnés en 2016 dans ce dossier, présenté par l’accusation comme emblématiq­ue de «la perméabili­té entre le banditisme traditionn­el marseillai­s et le néo-banditisme des cités», Gérald Campanella affirme ne pas les connaître, pour la plupart. Ceux qui l’ont aidé, durant ses deux longues cavales? «Purement des relations (Photo d’archives DR)

amicales», insiste-t-il. Comme Marilyn Benedetto, fille de Marcel Benedetto, un ancien «parrain» marseillai­s abattu en 2010, qui l’a hébergé à Bandol fin 2013 début 2014. «Ce ne sont pas les rumeurs qui circulent à Marseille, entre les Goudes et l’Estaque, qui vont étayer une accusation défaillant­e», a insisté Me Lucas Montagnier, l’un des trois défenseurs de M. Campanella, à l’appui de leur demande de relaxe. «Vous n’avez rien, rien, rien», a martelé son confrère, Me Jean-Jacques Campana. Tout en reconnaiss­ant que la fuite de son client « ne plaide pas en sa faveur». Le jugement a été mis en délibéré au 18 avril.

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Gérald Campanella avait été en cavale durant  ans.

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