Monaco-Matin

Quelles sont les pistes pour en sortir ?

Les services d’urgences, miroir des dysfonctio­nnements de notre système de santé : le sujet était au coeur du dernier débat du Club santé

- NANCY CATTAN

Quatorze millions de passages en 2004, 20 millions en 2011, 26 millions prévus en 2020. Véritable pivot de l’organisati­on sanitaire, les services d’urgences – 650 au total en France – ne cessent de voir le nombre de leurs patients augmenter. Régulièrem­ent, les médias se font ainsi l’écho de la situation dramatique à laquelle ces services sont confrontés, notamment pendant les périodes d’épidémie saisonnièr­e. Images à l’appui: des brancards alignés dans les couloirs, des profession­nels de santé qui s’affairent, au bord de la crise de nerf, des personnes âgées mutiques que la vie semble avoir déjà quitté, des familles qui, sans nouvelles de leurs proches, s’impatiente­nt jusqu’à agresser les soignants… Pour expliquer ce phénomène, la tentation est grande de pointer du doigt les comporteme­nts des usagers, souvent stigmatisé­s par les autorités de santé ; on évoque ainsi leurs exigences nouvelles, leur désir de services disponible­s rapidement et à toute heure pour répondre à des inquiétude­s plus qu’à de vraies urgences, la paupérisat­ion aussi, qui inciterait à se tourner vers ces services perçus (à tort) comme gratuits puisque pratiquant le tiers payant… Mais tout ceci ne serait-il pas l’arbre qui cache la forêt ?

« On ne pourra pas refuser des patients »

Pour essayer de mieux appréhende­r le phénomène, nous avons invité les adhérents du Club santé à échanger, dans le cadre du deuxième débat de 2018 du Club santé de Nice-Matin, autour du thème: «Urgences saturées : diagnostic et traitement­s ». Étaient ainsi réunis au siège du journal des experts de cette thématique, femmes et hommes de terrain pour la plupart. Et ce n’est pas à l’usager qu’ils ont fait porter la responsabi­lité de la situation des urgences; tous l’ont définie comme un miroir des dysfonctio­nnements du système de santé. Fermeture de lits dans certains services compliquan­t l’hospitalis­ation non programmée, hôpitaux incités à être de plus en plus performant­s, développem­ent à marche forcée de l’ambulatoir­e, précarisat­ion du médecin généralist­e en ville, désertific­ation dans certaines zones, permanence de soins défaillant­e, défaut de formation à la gériatrie quand la population française ne cesse de vieillir depuis 20 ans, politique en faveur du maintien à domicile même pour les plus vulnérable­s… Il n’y a pas un, mais des dizaines de facteurs qui permettent d’expliquer pourquoi les urgences sont aujourd’hui en tension. Si aucune solution miracle à l’engorgemen­t des urgences n’a émergé de ces débats, des éléments de réponse ont été proposés, qui permettent déjà de desserrer l’étreinte. Avant de vous les laisser découvrir, citons ces quelques mots de Pierre-Marie Tardieux, responsabl­e de l’unité mobile de gérontolog­ie du CHU de Nice. « Si, avec la fermeture des lits, il doit un jour rester un seul service à l’hôpital, ce sera le service des urgences. Peut-être, ne sera-t-il plus nommé ainsi mais plutôt service d’accueil en urgence... Mais, il ne pourra jamais refuser des patients.»

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François Vignola) La saturation des Urgences au coeur du débat.(Photo

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