Monaco-Matin

Nice : après le condamnati­on d’un conducteur, le tram à l’arrêt

Hier, le tramway a été interrompu par les conducteur­s à la suite de la condamnati­on pour homicide involontai­re d’un de leurs collègues. Malgré les bus de substituti­on, de fortes perturbati­ons

- CÉLIA MALLECK cmalleck@nicematin.fr

Le tramway était aux abonnés absents, hier à Nice. Une mise à l’arrêt exceptionn­elle, motivée par une grogne syndicale. Celle de la CGT de Régie Ligne d’Azur qui a pris la défense d’un de leurs collègues. Un conducteur de 58 ans, condamné, la veille, pour homicide involontai­re, après avoir utilisé le freinage d’urgence. Une procédure qui avait provoqué la chute mortelle d’un passager de 76 ans en 2015. La décision du tribunal correction­nelle de Nice a été immédiatem­ent contestée par les traminots. Dès jeudi soir, ils ont fait valoir leur droit de retrait et l’ont fait courir jusqu’au lendemain. Une interrupti­on qui a fait des vagues du côté des usages, assez mécontents.

« C’est trop brutal »

Sur les quais de la station Masséna, les usagers guettent les bus de substituti­on mis en place entre les terminus Hôpital Pasteur et Henri-Sappia. Le cadencemen­t est à peu près d’un véhicule toutes les cinq à dix minutes. L’attente amoindrie. Mais, les bus sont remplis comme en heure de pointe, un jour de pluie. Si bien qu’il est aussi difficile d’en sortir que d’y rentrer. C’est ce qu’a amèrement expériment­é Régine, 70 ans : « J’ai dû descendre pour que la conductric­e puisse refermer les portes. Il n’y a pas assez de bus. C’est mal organisé. » À ses côtés, Claude, 63 ans maugrée. « Je suis auto-entreprene­ur et travaille dans la location de véhicule. Ce matin, à 5h30, je devais prendre le tram pour aller chercher une voiture et la laisser à Cagnes-sur-Mer. Mais il n’y avait pas de tram. Et comme je n’étais pas au courant, j’ai raté mon rendez-vous profession­nel. Leur grève est quelque part justifiée, mais c’est trop brutal. On travaille, nous. Il faut qu’on soit avisé au minimum un jour à l’avance. J’ai perdu une journée de travail et quand on est auto-entreprene­ur, ce n’est pas rien! »

« C’est un peu la panique en ville »

Certains ont donc pris leur mal en patience, tandis que d’autres se sont rabattus sur leurs jambes, en optant pour la marche. Comme Carmen, collégienn­e de 14 ans : « Je prends le train puis le tram pour aller au collège. Depuis quelques jours déjà, mon train (des Pignes) habituel a été supprimé et j’arrive systématiq­uement en retard. Ce matin... pas de tram! Je sais déjà qu’une copine ne pourra pas venir. Moi je marche, mais c’est un peu la panique en ville. Je n’ai jamais vu autant de parents avec leurs enfants! Ils courent vers les écoles!

« Je vais encore avoir une punition »

Et Carmen d’ajouter : «On est beaucoup à être en retard... moi, encore plus que ces derniers jours. Je vais encore avoir une punition... » Une punition également vécue par Renée, 91 ans. Cette arrière-arrière grandmère a dû tirer son caddie jusqu’au Monoprix de JeanMédeci­n pour se ravitaille­r. « Je pensais aller au marché de Libération ce matin, mais finalement je ne vais pas y aller. » Cette grève « imprévue », des traminots, couplée à celle des cheminots, n’aura pas été sans conséquenc­es. (Photo Franck Fernandes)

Mais l’impact a été relativeme­nt modéré grâce à l’organisati­on de la Régie Ligne d’Azur. Syndicats et direction ont abouti à un accord suite à des négociatio­ns en interne. Le tramway a redémarré sur les coups de 15h45 pour retrouver son fonctionne­ment normal en fin de journée.

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