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Comment se déroule une journée «classique» dans un service d’urgences ? Le centre hospitalier de la Dracénie, qui comptabilise 41000 passages par an, nous a ouvert ses portes
Lundi matin, milieu de matinée. Une demi-douzaine de personnes patiente devant le bureau des admissions des urgences du centre hospitalier de Draguignan. Une quinzaine d’autres se trouve dans la salle d’attente. Malgré cette foule relative, le calme règne, l’atmosphère est sereine. Mais les choses peuvent s’envenimer à tout moment. «Il arrive de plus en plus souvent que le ton monte. Ce sont surtout les infirmières, en première ligne, qui en sont les victimes. Moins les médecins… Parce que c’est nous qu’ils attendent.» Ce constat amer, c’est le Dr Jean-Marc Minguet, président de CME (Commission médicale d’établissement) et responsable du service des urgences, qui le dresse. En 22 ans de pratique au sein de l’établissement varois, il en a vu de toutes les couleurs. Mais, lorsqu’il raconte son métier, la flamme brille toujours; elle vacille quand il entre dans le détail des galères du quotidien. Manque de personnel, manque de civisme... Car même si le malade pâtit des carences du système, il faut être lucide: il participe parfois à les entretenir. «Seulement 5 % de l’activité relève de la médecine d’urgence «pure» avec un pronostic vital engagé. 95 % des passages ne relèvent pas de cette médecine d’urgence: il peut s’agir de personnes qui ont besoin de lits d’hospitalisation, ou tout simplement des pathologies qui sont du ressort de la médecine générale», commente le Dr Minguet. Ce lundi, à 13 heures, le Dr Frédérique Dewaguet, urgentiste et responsable de l’UHCD (Unité d’hospitalisation de courte durée) énumère tel un inventaire à la Prévert les motifs de consultation de la matinée : «depuis ce matin, nous avons eu : contusions, mal de dos, plaie au doigt, douleurs musculaires, gastro-entérite… La seule chose qui relevait de l’urgence c’était une personne âgée polypathologique présentant une altération de l’état général». (Photos Ax. T.) Manifestement, nombre de ces patients auraient pu trouver une réponse auprès d’un praticien de ville.
Jusqu’à dix heures d’attente
D’ailleurs, c’est en début de soirée, à l’heure de fermeture des cabinets, et le week-end qu’ont lieu les pics de fréquentation. «Les libéraux s’organisent comme ils le souhaitent et prennent leurs congés lorsqu’ils le veulent – ils en ont le droit! Cependant, dans un tel système, nous nous sommes retrouvés entre Noël et jour de l’an avec beaucoup de généralistes absents en pleine épidémie de grippe ,remarque le Dr Minguet. Peut-être fautil que l’autorité de tutelle s’organise afin d’éviter qu’une telle situation ne se reproduise.» Paradoxalement, même si le temps d’attente peut être long (voire très long avec des records à une dizaine d’heures!), des malades préfèrent patienter aux urgences que dans un cabinet en ville. Mais, parfois, la situation dégénère. «On peut raisonnablement comprendre que les gens en ont assez d’attendre au bout de plusieurs heures, estime le Dr Dewaguet. Pour autant, il faut aussi qu’ils acceptent l’idée qu’on les reçoit par ordre de priorité et pas par heure d’arrivée.» Régulièrement, les agents de sécurité doivent calmer les esprits échauffés. Le Dr Minguet a identifié un facteur qui explique en partie cet énervement. «Lorsque les patients ont été