Monaco-Matin

Migrants : « Certains restent dans l’illégalité par peur »

Hier, la députée Alexandra Valetta-Ardisson s’est rendue à la frontière avec d’autres parlementa­ires. Une rencontre organisée dans le cadre du projet de loi «asile et immigratio­n» discuté à l’Assemblée

- STÉPHANIE WIÉLÉ swiele@nicematin.fr

Depuis hier soir et jusqu’à la fin de la semaine, le projet de loi « asile et immigratio­n » est débattu à l’Assemblée nationale. Dans ce cadre, la députée de la 4e circonscri­ption, Alexandra Valetta-Ardisson, a invité des parlementa­ires pour les confronter à la réalité du terrain. Hier matin, Gabriel Attal, porte-parole de La République en marche (LREM) et Hugues Renson, vice-président de l’Assemblée nationale se sont rendus à la frontière francoital­ienne. Ils ont pu échanger avec les forces de l’ordre sur le dispositif de gestion des flux migratoire­s. Puis direction la gare de Menton-Garavan. « Car c’est ici que nous avons le plus d’interpella­tions », précise Jean-Philippe Nahon, directeur départemen­tal de la Police aux frontières (DDPAF). En 2017, sur les 50 000 interpella­tions dans le départemen­t près de 70% ont concerné la gare de Menton-Garavan. La rencontre a été express. Quasi chronométr­ée. La visite d’un centre d’accueil d’hébergemen­t pour mineurs non accompagné­s à Nice a dû être annulée. En effet, les parlementa­ires étaient attendus dans l’après-midi à Paris pour débattre des frappes en Syrie. Avant de prendre l’avion, Alexandra Valetta-Ardisson a rappelé les enjeux de cette visite.

Que vouliez-vous montrer aux parlementa­ires aujourd’hui ?

Le texte de loi «asile et immigratio­n» va être débattu cette semaine à l’Assemblée nationale et il fallait qu’ils voient le dispositif et les problèmes concrets rencontrés à la frontière franco-italienne.

Quels sont-ils? Déjà, on se rend compte que l’afflux de migrants ne se calme pas, alors même que nous sommes en hiver. De plus, le centre d’assistance de la CroixRouge

de Vintimille compte  places vides sur les  au total. Parallèlem­ent, près de  migrants sont actuelleme­nt sous le pont de Vintimille dans des conditions d’hygiène déplorable­s! Ces personnes refusent de faire les démarches réglementa­ires pour rentrer en France et préfèrent rester dans l’illégalité par peur.

Pourquoi ont-ils peur de faire des démarches ? Lorsque je me suis rendue sur place, j’ai appris que des passeurs dissuadent les migrants de se rendre au centre de la Croix Rouge et font du malheur de ces gens leur business. Les passeurs leur assurent qu’ils n’auront jamais l’autorisati­on de rentrer en France et qu’il vaut mieux rester dans l’illégalité.

Une solution pourrait-elle être apportée par le projet deloi? Oui , il faudrait accélérer les demandes d’asile pour toutes les personnes qui viennent d’un pays en guerre par exemple. Il faut qu’elles obtiennent plus rapidement le statut de réfugié. Par contre, il faut aussi de la fermeté. C’est-àdire que lorsqu’une personne s’est vue refuser le droit d’entrée sur le sol français, il faut la reconduire à la frontière.

Quels amendement­s allez-vous défendre ?

Je suis favorable à une prise d’empreinte généralisé­e. Car certains migrants passent la frontière plusieurs fois, avec des identités différente­s, et cela fausse les chiffres. Cela nous permettrai­t d’avoir une traçabilit­é plus précise des flux migratoire­s. Par ailleurs, il faudrait créer une structure d’accueil et d’orientatio­n des migrants avec des psychologu­es et des interprète­s. Pour que les personnes qui arrivent en France et qui veulent déposer une demande d’asile aient un réel accompagne­ment. 1. Chiffre qui concerne les points de passage autorisés (PPA) des Alpes-Maritimes, c’està-dire les zones où les autorités sont habilitées à procéder à des contrôles systématiq­ues.

 ?? (Photo Jean-François Ottonello) ?? La députée Alexandra Valetta-Ardisson a invité Gabriel Attal, porte-parole LREM et Hugues Renson, vice-président de l’Assemblée nationale à la frontière, hier matin pour faire un point sur le dispositif.
(Photo Jean-François Ottonello) La députée Alexandra Valetta-Ardisson a invité Gabriel Attal, porte-parole LREM et Hugues Renson, vice-président de l’Assemblée nationale à la frontière, hier matin pour faire un point sur le dispositif.

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