Migrants : « Certains restent dans l’illégalité par peur »
Hier, la députée Alexandra Valetta-Ardisson s’est rendue à la frontière avec d’autres parlementaires. Une rencontre organisée dans le cadre du projet de loi «asile et immigration» discuté à l’Assemblée
Depuis hier soir et jusqu’à la fin de la semaine, le projet de loi « asile et immigration » est débattu à l’Assemblée nationale. Dans ce cadre, la députée de la 4e circonscription, Alexandra Valetta-Ardisson, a invité des parlementaires pour les confronter à la réalité du terrain. Hier matin, Gabriel Attal, porte-parole de La République en marche (LREM) et Hugues Renson, vice-président de l’Assemblée nationale se sont rendus à la frontière francoitalienne. Ils ont pu échanger avec les forces de l’ordre sur le dispositif de gestion des flux migratoires. Puis direction la gare de Menton-Garavan. « Car c’est ici que nous avons le plus d’interpellations », précise Jean-Philippe Nahon, directeur départemental de la Police aux frontières (DDPAF). En 2017, sur les 50 000 interpellations dans le département près de 70% ont concerné la gare de Menton-Garavan. La rencontre a été express. Quasi chronométrée. La visite d’un centre d’accueil d’hébergement pour mineurs non accompagnés à Nice a dû être annulée. En effet, les parlementaires étaient attendus dans l’après-midi à Paris pour débattre des frappes en Syrie. Avant de prendre l’avion, Alexandra Valetta-Ardisson a rappelé les enjeux de cette visite.
Que vouliez-vous montrer aux parlementaires aujourd’hui ?
Le texte de loi «asile et immigration» va être débattu cette semaine à l’Assemblée nationale et il fallait qu’ils voient le dispositif et les problèmes concrets rencontrés à la frontière franco-italienne.
Quels sont-ils? Déjà, on se rend compte que l’afflux de migrants ne se calme pas, alors même que nous sommes en hiver. De plus, le centre d’assistance de la CroixRouge
de Vintimille compte places vides sur les au total. Parallèlement, près de migrants sont actuellement sous le pont de Vintimille dans des conditions d’hygiène déplorables! Ces personnes refusent de faire les démarches réglementaires pour rentrer en France et préfèrent rester dans l’illégalité par peur.
Pourquoi ont-ils peur de faire des démarches ? Lorsque je me suis rendue sur place, j’ai appris que des passeurs dissuadent les migrants de se rendre au centre de la Croix Rouge et font du malheur de ces gens leur business. Les passeurs leur assurent qu’ils n’auront jamais l’autorisation de rentrer en France et qu’il vaut mieux rester dans l’illégalité.
Une solution pourrait-elle être apportée par le projet deloi? Oui , il faudrait accélérer les demandes d’asile pour toutes les personnes qui viennent d’un pays en guerre par exemple. Il faut qu’elles obtiennent plus rapidement le statut de réfugié. Par contre, il faut aussi de la fermeté. C’est-àdire que lorsqu’une personne s’est vue refuser le droit d’entrée sur le sol français, il faut la reconduire à la frontière.
Quels amendements allez-vous défendre ?
Je suis favorable à une prise d’empreinte généralisée. Car certains migrants passent la frontière plusieurs fois, avec des identités différentes, et cela fausse les chiffres. Cela nous permettrait d’avoir une traçabilité plus précise des flux migratoires. Par ailleurs, il faudrait créer une structure d’accueil et d’orientation des migrants avec des psychologues et des interprètes. Pour que les personnes qui arrivent en France et qui veulent déposer une demande d’asile aient un réel accompagnement. 1. Chiffre qui concerne les points de passage autorisés (PPA) des Alpes-Maritimes, c’està-dire les zones où les autorités sont habilitées à procéder à des contrôles systématiques.