La situation s’enlise à Notre-Dame-des-Landes
La situation restait bloquée hier, au huitième jour des opérations de gendarmerie sur la ZAD de NotreDame-des-Landes. Après une nuit calme, les gendarmes se sont remis dans la matinée, comme chaque jour, à dégager les barricades installées dans la nuit par les zadistes sur la D81. Aussitôt les gendarmes partis, les barricades étaient remontées. Des tirs de grenade résonnaient encore hier, notamment au «Gourbi», un lieu de vie emblématique de la ZAD, détruit la semaine dernière, où les zadistes ont réussi à acheminer une charpente en bois dans la nuit.
« Défendre les lieux de vie »
Une cinquantaine d’entre eux la protégeaient hier matin, avant d’être évacués par les gendarmes qui s’affairaient en milieu de matinée à la détruire en la sciant en morceaux. Puis les zadistes sont revenus au départ des gendarmes afin de reconstruire la structure, avant de la promener à nouveau dans l’aprèsmidi sur la ZAD. «La destruction de ce lieu de réunion collectif qu’est le Gourbi, évidemment que ça nous renforce», observe «Camille », pseudonyme générique des zadistes, un foulard noir au cou et des lunettes de ski sur la tête. Les renforts viennent même de l’étranger, selon une autre «Camille», anarchiste de 54 ans. « Il y a des Anglais, des Italiens, des Irlandais, des Espagnols », énumère-t-elle en se réjouissant de cette «grosse solidarité » et de cette «cohésion» recréée. Dans l’après-midi, des tranchées et des barricades continuaient à être installées. « Ce sont des barricades de défense pour défendre les lieux de vie. Depuis jeudi, les évacuations sont arrêtées mais ça pète de partout», estime Claudine, 68 ans, occupante du camping des « Cheveux blancs ».
« État de siège »
Mais certains opposants faisaient état de leur lassitude face à cet état de siège. «Je suis révolté, mais les barricades, ce n’est pas mon conflit à moi. [...] J’ai le sentiment qu’il faut en sortir», estime ainsi Julien, un habitant de la ZAD. «D’abord parce que des locaux ont besoin d’accéder à leur champ. Ce n’est plus une occupation, c’est un état de siège. À cause des barricades, on fait des kilomètres dans les champs», explique-t-il, prônant plutôt d’entrer en négociation avec la préfecture pour « imposer quelque chose » .Une fin des affrontements notamment réclamée par l’Acipa, association historique, pour rétablir le dialogue. Dimanche les soutiens des zadistes avaient attaqué à plusieurs reprises les positions des gendarmes à grand renfort de cocktail Molotov, fusées et bombes artisanales remplies de billes d’acier. Ces heurts violents, en marge d’un rassemblement pacifique de soutien aux expulsés de la ZAD, ont fait sept blessés côté gendarmes. Huit manifestants ont été interpellés.