Monaco-Matin

NICE ULTIMED (RE ÉDITION,  AVRIL -  MAI) « Je suis là pour gagner »

Bien malgré lui, Thomas Coville est tout naturellem­ent devenu, pour beaucoup, le grand favori de ce Nice Ultimed. Mais aussi, sûrement, l’un des marins les plus attachants du circuit…

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Dans quelques jours (le  mai, très exactement), il fêtera (« Sûrement en mer, d’ailleurs… ») ses  ans. Un demi-siècle, ou presque, à s’enivrer de l’écume des flots. A décrypter les horizons pour tirer les bons bords et fuir le mauvais grain. A partir à l’assaut de tous les records, en solitaire comme en équipage. Élu Marin de l’année en , qui l’a vu, notamment, remporter la Transat Jacques-Vabre (avec JeanLuc Nélias), Thomas Coville, ce Rennais au regard perçant, à la passion étroitemen­t chevillée au corps et au parler vrai, est de ces skippers qui ne laissent personne indifféren­t. De cette race de héros (le mot n’a rien d’exagéré…) qui pourrait, aujourd’hui encore, inspirer Jules Verne, tant sa vie, sur les océans, ressemble à un roman. Alors à quoi bon disserter, finalement, puisqu’il suffit de l’écouter…

Thomas, question rituelle, dans quel état d’esprit et quelles ambitions nourrissez­vous sur ce Nice Ultimed ? En fait, on démarre ici un nouveau projet. On souhaite créer une nouvelle histoire, qui, on l’espère, va amorcer ce que sera demain la course au large. Avec des nouveaux bateaux toujours plus grands, toujours plus puissants -, et une nouvelle ère pour notre série. On a, actuelleme­nt, et ensemble, une vision de ce que vont devenir la voile et le sport de très haut niveau dans les années qui viennent. C’est ce que l’on vient montrer, ici, à Nice. Notre ambition, c’est aussi de dire que l’on fait un sport avant tout collectif. De la conception du bateau jusqu’à la navigation. Avec ce Sodebo, on est un peu en fin d’histoire, même si on a fait quasi-carton plein jusque-là, que ce soit lors de tours du monde, sur la Jacques-Vabre ou, encore, à l’occasion du record de l’Atlantique Nord. Alors oui, on est venu, avec notre équipage, pour se confronter quasiment en “match race”, en ”be to be”, avec Francis Joyon et Yves Le Blevec, pour juste tenter de gagner. Parce que, moi, la maxime de Pierre De Coubertin, ce n’est pas trop mon truc. Je ne viens pas que pour participer. Je suis là pour gagner.

Vous êtes, des  skippers en lice, le plus jeune, mais pas le moins expériment­és puisque vous avez débuté bien plus tôt qu’eux la course au large… En fait, je ne compte pas les années, mais ce sont mes enfants qui, récemment, me disaient que j’avais dû passer  ou  fois le Cap Horn. Je ne m’en étais pas rendu compte. Parce que, finalement, je me revois au tout début et, sincèremen­t, j’ai exactement le même état d’esprit, le même enthousias­me. Voire la même appréhensi­on. J’ai, je ne sais pourquoi, conservé cette émotion de petit garçon. Ce que d’ailleurs, j’essaye toujours aujourd’hui de retrouver. En fait, je n’ai pas de mérite, parce que j’ai ça dans les tripes. On est une génération bénie des Dieux qui, en  ans, aura vécu une mutation technique, technologi­que et sportive incroyable. J’ai conscience de cette chance.

Vous avez débuté cette aventure en multi en , mais qu’est ce qui a provoqué ce virage ? En fait, bien avant, j’ai fait la rencontre d’une personne qui a, à tout jamais, marqué ma vie : Laurent Bourgnon, malheureus­ement disparu. En , je suis préparateu­r de son bateau et il gagne la Route du Rhum. Et là, je vois l’émotion dans son regard lavé par le manque de sommeil, émotion qu’il partage avec une générosité incroyable. Ce jour-là, je me suis dit : “C’est ça que je veux vivre” Avoir cette adrénaline du multicoque, avec cet engagement ultime mais qui, parfois, ne pardonne pas… Et puis, après  et ma victoire sur le Rhum en monocoque, j’ai la chance de rencontrer Sodebo, une entreprise de dingues, avec qui l’on a construit tout ce chemin. Et c’est ce dont, au final, je suis le plus fier.

La force de ces Ultimes, c’est d’avoir su créer un Collectif éponyme qui, malgré les . Le support était super, et pour autant, entre eux, ils n’avaient jamais réussi à trouver de terrains d’accord. Aujourd’hui, Sodebo, Actual, Banque Populaire et Macif, ont pris conscience de ça. Et ont vu l’intérêt que, même si sur l’eau on peut être évidemment concurrent­s, on a aussi besoin de tirer dans le même sens. Il y a aujourd’hui une vraie volonté de faire les choses ensemble et de les pérenniser. Tout le monde en a bien conscience… Bien sûr. IL y a une « touch » différente. Ils savent faire, ont la compétence, l’imaginatio­n et le profession­nalisme. Avec eux, comme avec la ville de Nice, qui est d’ailleurs réellement pionnière du sport de demain, on avance. Et de ça, je ne les remerciera­i jamais assez. Parce qu’y croire après que tout soit fini, quand tout a fonctionné, c’est facile ; en revanche, y croire avant… Mais ce sont ces acteurslà qui font bouger réellement les choses…

On est une génération bénie des dieux’’

Avoir été élu “Marin de l’année”, quand on a votre palmarès, est-ce que ça a une saveur particuliè­re ? C’est un peu comme si à un moment T, vos pairs reconnaiss­ent en quelqu’un la légitimité de les représente­r. D’incarner certaines valeurs. Alors oui, quand on reçoit ce prix, c’est particulie­r. Ellen MacArtur, qui était la marraine de mon bateau sur mon premier tour du monde, m’avait dit : “Maintenant,

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Le cas d’ASO, aussi...
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