Monaco-Matin

Avant la recomposit­ion tout doit se décomposer

- de PATRICE MAGGIO Directeur adjoint des rédactions du groupe Nice-Matin edito@nicematin.fr

« Combien sont-ils, à droite ou à gauche, à remiser leur carte de membre [de leur

parti] dans le tiroir des illusions perdues? »

Trois cent soixante et un jours après l’élection d’Emmanuel Macron, la phase de décomposit­ion du paysage politique français n’est toujours pas achevée. Pas un parti traditionn­el qui ne traîne le résultat du  mai  comme un boulet : LR, PS, FN essayent de se relancer. Ils aimeraient retrouver leur dynamique perdue. Mais ils n’y arrivent pas. Du moins, pas encore. Ils se serrent sur le triste podium des battus pour laisser un peu de place à une nouvelle formation, la France Insoumise. Les amis de Mélenchon s’agitent beaucoup, mais ils doivent pour l’instant se contenter d’une médaille en chocolat : aux yeux des Français, ils incarnent l’opposition la plus forte au président de la République. Tous ces partis, anciens ou nouveaux, manquent clairement de militants : pour une Delphine Batho, qui a quitté hier «sansregret­s » le Parti socialiste pour prendre la tête de Génération écologie, combien sont-ils, à droite ou à gauche, à remiser leur carte de membre dans le tiroir des illusions perdues ? Les chiffres communiqué­s par chaque grand parti sont une vaste rigolade, souvent dopés à l’adhésion gratuite sur Internet. Dans notre région, les grands élus gardent une capacité réelle de mobilisati­on, sans que l’on sache toujours très bien si c’est au nom de la fidélité en politique ou des services rendus. Pour parodier Hamlet, tout n’est pas pourri au royaume de la politique française, mais l’époque est clairement confuse pour tous ceux qui croient aux vertus de l’engagement. Que faire ? Pétitionne­r ? La plateforme change.org vient de passer la barre des dix millions d’inscrits en France. Marcher un jour ? Sous bannières syndicales, le er-Mai, ou plus politisées, le  mai pour faire la « Fête à Macron ». Marcher au long cours? Entre Londres et Vintimille en solidarité avec les migrants ou de l’étang de Berre, d’où ils sont partis hier, jusqu’à Paris pour alerter sur les ravages de la pollution. Reste l’option

« on va tout casser » prônée par les « Black Blocs ». Heureuseme­nt limitée dans ce pays à quelques centaines d’individus, elle n’a pas d’avenir dans un pays comme le nôtre. Le risque d’extension de la violence politique est insignifia­nt, ce qui n’exonère pas la majorité actuelle de ses responsabi­lités. Elle détient le pouvoir : c’est à elle de veiller à la vigueur démocratiq­ue de notre système. La réforme des institutio­ns, présentée dans le détail mercredi en Conseil des ministres, est un signal positif (transparen­ce accrue, non-cumul des mandats…). Mais pour redonner aux citoyens le goût de l’action publique, il faudra faire plus, beaucoup plus. Par exemple, convaincre une majorité de concitoyen­s que ce gouverneme­nt est bien à l’écoute du pays réel. Ce qui n’est pas gagné. Allô, la France ?

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