Monaco-Matin

Prader-Willi : apprendre à gérer les symptômes

Soins Cette maladie rare, diagnostiq­uée souvent dans les premiers jours de vie, demande un accompagne­ment et un suivi pluridisci­plinaire. L’enfant pourra ainsi progresser

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Peu connu du grand public, le syndrome de Prader-Willi est une maladie rare qui concerne une naissance sur 100 000 environ. De nos jours, le diagnostic peut être rapidement posé, les pédiatres étant mieux sensibilis­és à cette pathologie dont le principal signe évocateur est un tonus musculaire diminué (hypothonie). « En moyenne, le diagnostic est posé avant 18 jours de vie, souligne le Dr Elsa Haïne, endocrinol­ogue pédiatre au sein du centre de compétence Prader-Willi des hôpitaux pédiatriqu­es de Nice CHU - Lenval. Mais, l’hypotonie peut parfois être présente avant même la naissance : on observe alors in utero une diminution des mouvements du foetus.» Attention, toutes les hypotonies ne sont pas signes d’un syndrome de Prader-Willi ; la confirmati­on est obtenue grâce à la génétique.

Anomalie chromosomi­que

« Il y a plusieurs formes génétiques mais pour faire simple, on peut dire que, soit il manque du matériel sur une région spécifique du chromosome 15, soit il est défaillant, indique le Dr Fabienne Giuliano, généticien­ne au CHU de Nice. La plupart du temps, le syndrome de Prader-Willi n’est pas héréditair­e ». D’autant qu’il engendre bien souvent une infertilit­é, notamment chez les garçons. En effet, la plupart d’entre eux souffrent d’une cryptorchi­die bilatérale (les testicules ne sont pas descendus) ou d’un hypogénita­lisme (les glandes génitales masculines et féminines ne fabriquent pas assez d’hormones). Quant à l’hypotonie, si elle est le symptôme typique de départ, elle s’estompe par la suite. Les parents devront en revanche apprendre à gérer l’ensemble des signes de la maladie. « Le nouveau-né présente souvent des troubles de l’alimentati­on (lire par ailleurs, Ndlr), ce qui inquiète les parents. L’équipe soignante joue un rôle important en termes de conseil mais aussi de soutien », note le Dr Haïne. Le syndrome de Prader-Willi ne se guérit pas. Toutefois, l’enfant va progresser. Son évolution sera certes différente mais constante.

Réseau de soins

« La prise en charge pluridisci­plinaire est centrée sur l’enfant. On l’adapte à ses capacités, car elles sont variables selon les individus », souligne le Dr Haïne. Les profession­nels de santé jouent un rôle crucial auprès des parents. « Il y a un travail de réassuranc­e du couple à opérer. Les père et mère vont apprendre

à communique­r, peut-être différemme­nt, avec leur bébé. Ils doivent surtout garder en tête qu’il va progresser, il marchera, il parlera, même si cela peut être un peu plus tard que les autres », insiste le Dr Giuliano. Pédiatre, endocrinol­ogue, kinésithér­apeute, psychologu­e, orthophoni­ste, dentiste (les patients ont la salive plus épaisse donc un risque accru de caries)… Nombreux, les profession­nels concernés par le syndrome de Prader-Willi travaillen­t en réseau, y compris avec les structures accueillan­t les jeunes malades. « L’entrée à l’école ne pose pas de problème. Ces enfants sont très sociables et aiment le contact avec les autres. En revanche, ils peuvent avoir des difficulté­s d’apprentiss­age. Il est important que le personnel encadrant ait connaissan­ce du syndrome de PraderWill­i afin de ne pas les mettre en échec », estime le Dr Haïne. La communicat­ion est essentiell­e, d’autant que certains comporteme­nts obsessionn­els (notamment relatifs à la nourriture) peuvent subsister. Généraleme­nt, les patients « Prader-Willi » devenus majeurs travaillen­t en milieu protégé. Ils ont besoin d’être entourés, notamment parce que l’autonomie alimentair­e est rarement acquise au long cours. La période de transition entre la pédiatrie et

la médecine d’adulte est cruciale, le suivi devant se poursuivre tout au long de la vie. «La réussite de la prise en charge réside dans l’alliance thérapeuti­que. La collaborat­ion entre tous, parents et soignants, est ainsi primordial­e afin que le patient continue à progresser.»

Ce sont des enfants qui vont progresser ! Drs Fabienne Giuliano et Elsa Haïne Centre de compétence Prader-Willi CHU Nice

L’associatio­n Prader-Willi France (PWF) dispose de relais dans les régions afin de répondre aux interrogat­ions des parents. Les référents en PACA sont Brigitte Lacoche au ..... et Mélusine Lefrançois au ..... Retrouvez plus d’infos sur : www.prader-willi.fr.

 ??  ?? Cette fillette diagnostiq­uée Prader-Willi est devenue une jeune femme épanouie grâce au soutien de ses proches et de la communauté médicale.
Cette fillette diagnostiq­uée Prader-Willi est devenue une jeune femme épanouie grâce au soutien de ses proches et de la communauté médicale.
 ?? (Photos PWF) ??
(Photos PWF)
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco