«Le pays ne doit pas se diviser face au terrorisme»
Ministre auprès du ministre de l’Intérieur, Jacqueline Gourault a effectué hier une longue visite dans les Alpes-Maritimes. L’occasion d’évoquer avec nous la Corse et la protection des Français
Ministre auprès du ministre de l’Intérieur Gérard Collomb, Jacqueline Gourault est surtout connue pour être la « Madame Corse » du gouvernement. C’est d’ailleurs en provenance d’Ajaccio, où elle avait promu la veille l’action de l’exécutif, qu’elle est arrivée hier dans les AlpesMaritimes. Une visite dense aux allures de tournée des grands ducs. Dès 8h30, elle partageait le petit-déjeuner avec Christian Estrosi à Nice, avant de balayer le département, de Sospel à Cannes. Elle y a rencontré plusieurs députés et sénateurs de tous bords politiques, ainsi que de nombreux maires, avant une soirée avec les militants du Modem et de LREM L’ancienne prof d’histoiregéo, cadre du Modem et proche de François Bayrou, a aussi trouvé un moment pour répondre à nos questions.
Au terme de cette journée, que retenez-vous des aspirations des différents L’ambiance était posée. Nous avons beaucoup évoqué les questions d’eau et d’assainissement à Sospel, où la Communauté d’agglomération de la Riviera française a décidé de prendre en charge cette compétence en amont de l’obligation qui ne s’imposera qu’en . Des situations similaires, en la matière, génèrent des choix très différents. Dans d’autres zones de montagne, il m’est arrivé de rencontrer des gens plus frileux. Ici, j’en ai vu qui ont pris conscience que le cycle de l’eau était un tout et qu’il fallait être proactif. Cela fait relativiser le poids de ceux qui sont toujours pour le statu quo.
Des récriminations sur les dotations aux collectivités locales ? Personne, je vous assure, ne m’a interpellée sur ce sujet. On m’a beaucoup parlé, en revanche, des obligations de la loi SRU sur les quotas de logements sociaux. Les élus m’ont tous dit qu’ils avaient besoin de souplesse et d’adaptation aux territoires. La loi Elan en discussion à l’Assemblée a, justement, vocation à traiter de cette question.
Le projet de loi constitutionnelle prévoit l’inscription de la collectivité de Corse dans la Constitution, alors que les nationalistes aspiraient à un pas plus marqué vers l’autonomie. Qu’est-ce que cette inscription va Ce n’est pas qu’un symbole. L’article -, en l’inscrivant dans la Constitution, sanctuarisera la collectivité de Corse, qui n’existe aujourd’hui que par une loi ordinaire. Il suffirait, en l’état actuel, d’une majorité au Parlement pour modifier cette collectivité. Une fois inscrite dans la Constitution, il faudra une révision de celle-ci pour la changer, ce qui n’est pas une mince affaire. C’est une collectivité qui a des compétences audelà de celles des régions et des départements. Il est aussi dit clairement dans l’article - que le Parlement sera habilité, au regard des spécificités de la Corse, à adapter les lois et règlements la concernant. Enfin, sur ses compétences propres, la collectivité corse pourra elle-même adapter les lois et règlements. Pour faire passer une réforme constitutionnelle, on ne pouvait pas faire de la Corse la Nouvelle-Calédonie. Le Parlement français ne voterait jamais cela.
Visiblement, Gérard Collomb n’est pas franchement convaincu par la limitation à km/h sur les routes secondaires. Votre sentiment ? Le gouvernement a pris cette décision parce que toutes les études montrent que les morts annuels sur les routes, ainsi que les blessés, le sont en grande majorité sur les départementales. Et l’un des éléments dominants dans cette mortalité est la vitesse. On sait très bien que les réformes sur la sécurité routière sont toujours mal accueillies. Mais il faut les faire.
En matière de lutte contre le terrorisme, l’opposition de droite accuse l’exécutif d’être plus laxiste que ne l’était le PS… La droite LR et FN est plus virulente, effectivement, avec le gouvernement actuel qu’elle ne l’a été avec les socialistes. On assiste à des postures politiques. Dans ma famille, on a au contraire toujours fait front commun avec les gouvernants, quels qu’ils soient. Et l’une des réponses est, justement, que le pays ne se divise pas face au terrorisme.