Monaco-Matin

« Heureux de continuer »

Deuxième de L1, Leonardo Jardim est prêt pour enchaîner une cinquième saison à Monaco

- RECUEILLI PAR FABIEN PIGALLE

Leonardo Jardim est rentré de Grèce, après avoir dirigé un petit camp d’entraîneme­nt pour les jeunes joueurs de Lefkda, club partenaire de l’ASM depuis  ans. Après le vice-président Vadim Vasilyev hier dans ces mêmes colonnes, le coach portugais a accepté à son tour de dresser son bilan sur la saison monégasque. Autour d’un café, et quelques croissants. Sourire serein et visage apaisé, Leonardo Jardim a confirmé qu’il restait l’entraîneur de Monaco pour une cinquième année. « Heureux de se sentir aimé ». Preuve que sur le Rocher, il n’y a pas que l’argent qui compte.

Cette saison a été compliquée... Oui, mais je pense que ce fut une très belle saison. Après un titre, c’est toujours compliqué. Les gens gardent en tête le sacre, le record de points, de buts, un beau football etc. Ils pensent qu’on peut refaire la même chose... Ça ne se passe pas comme ça. Si on prend du recul, on peut dire qu’au niveau européen on s’est manqué et que nous n’avons pas été au niveau. C’est globalemen­t négatif. Mais la deuxième place en championna­t, ça, c’est très très positif. Rappelons que nous établisson­s le record de victoires (). Franchemen­t, nous ne pouvions pas faire plus.

Y a-t-il eu un relâchemen­t ? Non. Je pense même que nous avons travaillé plus cette année que la saison précédente. Nous avons toujours lutté alors qu’on avait plus de pression après le titre. Tout le monde a voulu montrer ses qualités, malgré les départs.

Votre vice-président Vadim Vasilyev expliquait hier dans ces colonnes que le mercato n’avait « pas été idéal ». Qu’en pensez-vous ? Il a raison. Le mercato de l’été dernier n’a pas eu l’impact qu’on attendait sur l’équipe. Ceux qui ont moins joué l’an passé, qui sont revenus de prêt et les joueurs de l’academy nous ont plus aidés. Keita (Balde), Youri (Tielemans), Jovetic et Ghezzal ont joué. Mais on s’attendait à mieux. Normalemen­t, après six départs importants, on attend de

ceux qui arrivent qu’ils soient efficaces d’entrée. Qu’ils soient titulaires % du temps et capables d’être efficaces.

Vous êtes vous trompé, ou ont-ils besoin de temps ? C’est difficile vous savez le recrutemen­t. Il faut analyser l’impact du changement de pays, de clubs, de championna­t... Ce n’est pas simple de gagner une place de titulaire à Monaco. Il faut toujours démontrer qu’on peut y jouer. Beaucoup de des joueurs arrivés cet été sont jeunes, ils vont aussi progresser.

Qu’est-ce qui a manqué en Ligue des champions ? Nous n’étions pas prêts, le mercato s’est fait tardivemen­t. D’un autre côté, Leipzig a gardé ses joueurs, à Porto ils jouent ensemble depuis  ans, et Besiktas avait acheté des joueurs importants pour cette compétitio­n comme Pepe. Tout ça compte beaucoup.

Allez-vous recruter des joueurs plus expériment­és ? C’est important d’avoir des joueurs capables d’apporter quelque chose immédiatem­ent. Nous devons faire progresser des jeunes et parier sur l’avenir, mais il faut aussi des joueurs dont nous pouvons être certain de leurs apports dans le présent. Cela permet de maintenir le niveau et l’intensité de l’équipe.

La Coupe du Monde va retarder une nouvelle fois le mercato ? Vadim Vasilyev et Michael (Emenalo) organisent ça. Ils savent ce dont nous avons besoin. On essaiera d’être prêt plus rapidement. Le but est de donner l’image qui nous correspond comme il y a deux ans ou quatre ans en Ligue des champions. Pas celle de cette année.

Monaco fonctionne par cycle. On a l’impression que nous aurons droit à une deuxième année de transition, vous ne trouvez pas ? Non, je ne suis pas d’accord. Évidemment il y a des fois où nous sommes un peu moins bien que d’autres années, mais tout est positif. Le cycle global est positif. Il n’y a pas de cycle négatif. Cela fait cinq fois que nous sommes sur le podium. Seul Wenger a fait aussi bien. Nous n’avons pas passé de mauvais moments en  ans. Ce

projet, c’est le rêve de beaucoup de clubs. Regardez Leipzig qui a été vice-champion... cette année, ils ne sont même pas qualifiés pour la Ligue des champions. Pour ça que je ne comprends pas quand les gens disent, qu’à Monaco il n’y a pas de pression. Nous avons la pression de réussir dans ce projet. Et j’aime réussir là-dedans. Nous ne sommes pas là à acheter les meilleurs joueurs pour gagner le championna­t. En Grèce, à Olympiakos, j’ai connu ça. Je peux vous dire que vous dormez bien tous les soirs, puisque vous savez que vous avez les meilleurs joueurs du championna­t et que vous gagnerez le week-end prochain.

Vous dites que c’est le rêve de beaucoup de clubs. Est-ce le rêve de beaucoup d’entraîneur­s ? N’avez-vous pas peur de vous lasser ? Beaucoup de personnes dans mon entourage, des amis, m’ont dit que c’était le moment de partir de Monaco après le titre. Cette année, c’était la même chose. Vous savez ce que je leur réponds ? J’habite un endroit magnifique comme il en existe très peu dans le monde avec ma famille. On joue le podium en L qui fait partie du top  ou  des championna­ts européens. On joue la Ligue des champions... Bref, l’argent ne fait pas tout dans la vie. En plus de tout ça, j’ai un viceprésid­ent et un président qui ont un objectif sur le long terme avec moi, qu’ils me respectent, qu’ils savent que je donne le maximum. C’est le plus important. Je suis très heureux de continuer. Avec Vadim Vasilyev et Dmitri Rybolovlev, nous sommes très proches et nous avons confiance les uns envers les autres. Je suis très heureux de me sentir aimé.

Qu’est-ce qui vous ferez partir ? Quelque chose qui pourrait m’apporter encore plus dans les critères que je viens de vous citer. Mais ce n’est pas une question d’argent.

De projet ? Bien sûr ! Gagner des trophées en ayant les meilleurs joueurs, ce n’est pas compliqué. Et dans ce cas, c’est le fruit de ton travail d’entraîneur, ou celui du club qui achète ? C’est la question. Quand je gagne le titre ici, je sais que ça vaut au moins cinq trophées ailleurs. Il y a beaucoup d’humain, de nous dans ces victoires. C’est un peu comme la différence entre celui qui travaille pour acheter une maison, et celui qui hérite de celle de son père. C’est pourtant la même maison au final. Mais le sentiment de satisfacti­on est différent.

Sylla, Serrano, N’Doram ont été décisifs en fin de saison... Quels rôles pour eux l’an prochain ? N’Doram fait déjà partie du groupe. Ce n’est pas comme un jeune joueur qui arrive. Il peut jouer défenseur central et milieu. Serrano, c’est un pari, mais je n’ai pas eu peur de le faire jouer. Certains disaient que je n’avais pas d’autres choix que de le faire jouer à Caen. Faux. Raggi aurait pu jouer à gauche et N’Doram dans l’axe... preuve qu’on croit vraiment en lui.

Le poste d’arrière gauche a été ciblé par la direction pour le prochain mercato... Je peux vous dire que Serrano jouera beaucoup l’an prochain à Monaco. J’ai besoin d’un latéral gauche, plus lui.

Sylla ? On a un groupe d’attaquants jeunes de qualités. Nous ferons le point après la fin de la présaison. Le but, c’est qu’ils aient du temps de jeu. Il faudra évaluer tout ça. Nous garderons ceux qui seront capables d’avoir du temps de jeu. Sinon, ce n’est pas bon pour la progressio­n.

L’argent ne fait pas tout dans la vie ”

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(Photo T.P.) Leonardo Jardim espère renforcer l’équipe l’an prochain.

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