Monaco-Matin

Dans la peau du président de l’Automobile Club

Il y avait plein de manières possibles de suivre la spectacula­ire séance d’essais qualificat­ifs d’hier. Dans le siège du président de l’ACM à la Direction de course, c’était la plus improbable...

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Il est 15 heures, hier, au premier étage de la Direction de course. Les essais qualificat­ifs du 76e Grand Prix de Monaco débutent. Les 36 postes de la salle de contrôle sont occupés. Chacun a une place attribuée. C’est clairement indiqué au sommet de l’écran de chaque ordinateur. Face à un mur d’images qui permettent de voir la moindre parcelle du circuit de Monaco, sont assis, entre autres, le conseiller-ministre de l’Intérieur Patrice Cellario, le commissair­e général de l’ACM Christian Tornatore, le directeur de course Michel Ferry, le directeur d’épreuve Charlie Whiting (FIA), le chef de corps des sapeurs-pompiers de Monaco Tony Varo, les médecins de la FIA…

Faire gaffe aux boutons

Tous les acteurs indispensa­bles à l’organisati­on du Grand Prix de Monaco sont dans cette grande salle, casque sur les oreilles, yeux rivés sur les écrans, concentrés. Moi aussi. Privilège inattendu, je suis invité à m’installer au poste du président de l’Automobile Club de Monaco (ACM). Michel Boeri ne m’en voudra pas, je l’espère. Je pose son casque sur mes oreilles. Les vingt pilotes peuvent mettre la gomme pour décrocher la pole position, je suis prêt. Première urgence: me concentrer sur les boutons qui Ici, on suit la course dans les meilleures conditions qui soient.

me permettent de parler à qui je veux – je fais gaffe, il ne faudrait pas que j’appuie n’importe où au risque de perturber la course. Je repère le bouton qui établit la connexion avec mon voisin de gauche, Michel Dotta, le président de la commission Media de l’ACM. Trop investi dans mon rôle de « président » d’un jour, je remarque à peine le ministre d’État, Serge Telle, et le président de la FIA, Jean Todt, venus faire un petit coucou amical en début de séance d’essais. Pas le temps, désolé. En quelques minutes, Michel Dotta m’explique qui fait quoi, ici. Au travers d’un exemple concret, je comprends vite : « Lors des essais

libres de jeudi, dans la descente des Spélugues, les commissair­es de piste ont signalé qu’une plaque d’égout était mal fixée. Christian Tornatore a appelé la régie pour zoomer à l’endroit indiqué et visualiser le problème. Il a dit qu’il fallait souder la plaquer. Charlie Whiting, le patron du GP, a arrêté la course pour permettre l’interventi­on de la société spécialisé­e, Polymétal. » Tout ça en quelques minutes.

Le maître du monde

OK, je vois. Je suis armé pour observer les essais qualificat­ifs. Sur le plan sportif, c’est tout simplement fantastiqu­e, vu d’ici. Entre les

écrans de contrôle à profusion, les indication­s du patron de la course et le tracking, cet écran un peu plus grands que les autres qui permet de voir où se trouvent toutes les voitures sur le circuit, je suis un peu le maître du monde. La séance d’hier est d’autant plus époustoufl­ante que le record du tour de piste ne cesse d’être battu. Daniel Ricciardo va l’améliorer à deux reprises pendant les essais qualificat­ifs. Après, on ne s’étonnera pas de sa pole position. Dans la salle, aucun commentair­e ni effusion de joie. On se concentre sur tout autre chose. Je suis le seul à m’enthousias­mer en entendant Charlie Whiting murmurer «nouveau record de piste pour Ricciardo en 1’11’’353 », puis, un quart d’heure plus tard, « nouveau record de piste pour Ricciardo en 1’10’’810». Une info comme une autre, pour le délégué permanent de la FIA. Michel Dotta, admiratif, me signale toutefois dans le casque : « C’est la sixième fois que le record du tour est battu depuis jeudi. Une seconde et trois dixièmes de moins que le précédent record, c’est énorme… »

À vous la place, Michel

Quelques minutes passent. Un commissair­e de piste, celui du poste 14, à l’entrée de la piscine, fait une annonce : «Petit débris sur la trajectoir­e, pas très dangereux. Vous me donnez le top et j’y vais.» Un coup d’oeil sur le tracking pour vérifier qu’aucun bolide n’arrive et le directeur de course lui répond : «OK tu peux y aller!» Les essais qualificat­ifs se seront déroulés sans incident. « Fin de la séance. La pole, ce sera Ricciardo», indique Charlie Whiting. Je peux déposer mon casque sur le pupitre du président de l’ACM. Tout s’est bien passé. Michel Boeri, je vous rends la place pour le Grand Prix, aujourd’hui. Merci pour tout.

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