«La première des harmonies, c’est d’être connecté avec la volonté du patient»
Prix de l’inventeur européen en et président du directoire de Clinatec, le Pr Alim-Louis Benabid est le président de cette
édition du e-HealthWorld . À Grenoble, ses équipes ont notamment implanté une puce dans la tête d’une personne paralysée des quatre membres afin qu’elle commande une armure métallique par la pensée.
Que peut apporter la santé connectée aux patients ? C’est la médecine de demain. L’intérêt, c’est de montrer aux gens que ce n’est pas un futur qu’on essaye de développer mais une réalité qui existe. Elle est incontournable et bénéfique. Cela ne va pas éloigner les médecins et les malades. Au contraire, cela les rapproche de la même façon que les technologiques de communication.
À Grenoble, vos équipes ont permis à une personne paralysée de commander une armure mécanique par la pensée. Pouvez-vous nous en dire plus ? Pas beaucoup plus car c’est encore sous embargo. On attend d’être publié dans une revue scientifique. On n’est pas les seuls à faire ça mais on est les plus avancés dans le domaine. Les tétraplégiques sont cloués au lit et on s’est dit qu’il y avait des solutions technologiques qui permettraient de contourner ce handicap et de redonner au malade une possibilité de bouger. En bref, c’est une aide mécanique par la pensée. Car la vérité, c’est que leur cerveau parle, mais personne n’écoute. Avec cet exosquelette, ils ne revivent pas dans le sens où ce que l’on fait ne vaut pas le traitement de la section de la moelle. Ça, on ne sait pas encore le faire. Mais, on apporte une compensation et on essaye de faire en sorte qu’elle soit la plus complète, la plus harmonieuse possible. Et la première des harmonies, c’est d’être connecté avec la volonté du patient.
Quelles sont les limites, selon vous, de la santé connectée ? Il n’y aura pas plus de limites à la santé connectée qu’il n’y en a à la connexion globale que nous vivons dans le monde. Qui aurait prévu qu’on fasse autant de choses avec un smartphone ? On en dit beaucoup de bien, beaucoup de mal, mais la réalité est beaucoup plus complexe que cela. La connexion, c’est l’ère du temps. Garder les malades en contact avec les médecins et l’inverse, en particulier dans les déserts médicaux, c’est une des solutions. Cela ne suffit pas, cela ne remplace pas tout. Ça ne remplace pas la compassion, l’empathie, mais elles passent très bien par téléphone ou par relation télévisuelle.
Que répondez-vous aux gens qui ont ce blocage de la technologie ? Il faut lâcher les freins. Le problème est celui qu’on en fait. Quand on a une technologie, on peut l’utiliser mal : la bombe atomique. Mais on peut l’utiliser bien : la radiothérapie.