Monaco-Matin

Le chiffre

Benjamin Pavard a surpris son monde contre l’Italie et confirme qu’il est mieux qu’une simple curiosité de la liste des 23 Bleus

- MATHIEU FAURE

Acroire que tout sourit à Benjamin Pavard en 2018. Retenu dans les 23 Bleus pour le Mondial en Russie, le défenseur central de Stuttgart est demandé par tous les clubs européens et notamment le Borussia Dortmund de Lucien Favre... mais aussi par ces dames. Tant pis pour les intéressée­s, Pavard n’est plus sur le marché depuis qu’il a officialis­é, il y a peu, sa relation avec une ancienne Miss France, Rachel Legrain-Trapani, native du Nord de la France comme lui. Sur les réseaux sociaux, les deux tourtereau­x affichent leur amour et, quand ils ne sont pas ensemble, Pavard passe en mode canard et dépose, quotidienn­ement, des petits coeurs dans les commentair­es des photos de sa douce. Dire qu’il y a un an, Pavard jouait en seconde division allemande, à Stuttgart, après avoir quitté son club formateur de Lille. Son départ du Losc avait sonné comme un déchiremen­t pour ce grand échalas d’un mètre quatre-vingt-six très attaché à son club formateur. Lancé dans le grand bain profession­nel à 19 ans par René Girard, Pavard côtoyait alors quotidienn­ement à Lille un certain Djibril Sidibé dont il est la doublure en équipe de France aujourd’hui. Le monde est petit comme on dit. Mais l’histoire d’amour avec son club formateur va mal se terminer. Frédéric Antonetti, alors en poste, ne compte pas sur lui et après seulement 21 matches de Ligue 1, Pavard prend la direction de Stuttgart alors en deuxième division allemande. Un choix qui, au départ, surprend puisque le jeune défenseur est promis à un brillant avenir. « Le directeur sportif est venu me parler et j’ai vraiment senti qu’il avait confiance en moi. Il m’a dit que je représenta­is l’avenir et que le club avait besoin de moi. On m’a fait comprendre que j’allais avoir du temps de jeu et c’est très important », explique-t-il au site Goal lors de son transfert en août 2016. Difficile de lui donner tort deux ans plus tard... En D2, Pavard évolue sur le côté droit de la défense et les Allemands découvrent alors un jeune joueur un peu fou, plutôt à l’aise avec le ballon mais capables de prises de risques dangereuse­s près de son but. Un jeune joueur inconstant en somme. « Pavard jouait souvent avec une provocante désinvoltu­re, comme s’il cherchait à obtenir un rôle dans un remake du film Mr Cool », ironise d’ailleurs le grand quotidien local Stuttgarte­r Nachrichte­n. Malgré tout, le VfB monte en première division et Pavard passe la seconde. Plus mûr, plus sûr de son jeu, le numéro 21 du VfB étale sa classe très rapidement. « Mon jeu n’avait rien à voir avec de l’arrogance » ,sedéfend le natif de Maubeuge, toujours à Goal. Quand vous avez pour modèles Mats Hummels (Bayern Munich) et Sergio Ramos (Real Madrid), vous avez choisi l’excellence comme guide. En Allemagne, un pays qui a toujours placé sous la lumière les « beaux » défenseurs, on salue son sens du placement, sa puissance dans les duels, son jeu de tête, sa lecture de jeu, et la qualité de ses passes. Le joueur un peu désinvolte de D2 a laissé la place à une valeur sûre de Bundesliga, au point d’être élu meilleur jeune du mois de février. « Ça tient aussi peut-être à mon changement de position, en défense centrale, j’ai plus de responsabi­lités qu’en latéral. Derrière moi il n’y a plus que le gardien », lâche-t-il. C’est pourtant sur le côté droit que Didier Deschamps compte sur lui. Pas un souci, Pavard peut jouer partout, y compris en sentinelle. « J’ai beaucoup travaillé sur moi » ,disait-il fin septembre lors d’un rassemblem­ent avec les Espoirs. Sous sa tignasse bouclée qui lui donne un faux air de David Luiz, Pavard a franchi un cap. « Je pense que j’ai fait des progrès : j’ai mûri et je suis devenu un homme ». Quand Didier Deschamps fait appel à ses services en novembre, les experts de la Bundesliga ne sont pas surpris. « Benjamin a été très performant avec son club et en sélection Espoirs. C’est un défenseur central à la base, il peut jouer à d’autres positions » ,décrypte la «Dèche» au moment de sa première convocatio­n pour les matches amicaux contre le Pays de Galles et l’Allemagne (10 et 14 novembre). Alors que sa place dans les 23 aurait pu s’apparenter à une surprise, le garçon n’a jamais caché son envie d’y être. Dans une interview accordée à SFR en septembre dernier, alors qu’il se trouvait avec les Espoirs, Pavard s’était déjà positionné pour la Coupe du monde en Russie : « Franchemen­t, oui, je m’imagine bien (en Russie). Après, je n’ai pas la grosse tête mais j’ai vraiment des objectifs élevés, comme la plupart des footballeu­rs en général. Oui, j’ai vraiment envie de faire partie du groupe.» Une fois dans le groupe, son rêve n’allait pas s’envoler comme en atteste sa sortie dans les colonnes de France Football en mars dernier : « S’il le faut, je suis prêt à être gardien. Même remplaçant, ça me va. Franchemen­t, être dans les 23 ce serait... (Il s’arrête.) Vous imaginez, jouer une Coupe du monde ? Qu’estce qu’on peut faire de mieux pour un footballeu­r ? Pas grand-chose. » Au fond, Benjamin Pavard est un jeune footballeu­r simple, avec des rêves et un compte Facebook au nom de Benjamin Pavardinho.

le nombre de minute manquée par Benjamin Pavard avec Stuttgart cette saison en Bundesliga. Le défenseur a joué les  matches de championna­t dans leur intégralit­é ( minutes de jeu).

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Monaco