Monaco-Matin

La CFDT en porte-à-faux

- DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Certes, Laurent Berger a été reçu plusieurs fois par le Président mais il n’a jamais été écouté et entendu.

Au lendemain de l’élection présidenti­elle, l’an dernier, Laurent Berger, le patron de la CFDT, n’imaginait sans doute pas que le e congrès de son syndicat, qui a débuté hier à Rennes, serait aussi délicat à gérer. Certes, patron depuis  de son organisati­on, il sera reconduit à sa tête sans difficulté, mais c’est son approche du dialogue social qui est aujourd’hui en panne. Depuis toujours, CFDT se conjugue avec concertati­on dans une approche socialdémo­crate de la vie publique. Cette attitude, qui s’oppose au syndicalis­me contestata­ire de la CGT notamment, a permis à la CFDT de devenir le premier syndicat de France dans le secteur privé en , recueillan­t , % des suffrages, contre , % à la CGT en recul de deux points, Force ouvrière obtenant , %, la CFE-CGC , % et la CFTC , % . Elle affichait alors plus de   adhérents, un chiffre qu’elle a ramené à   en début d’année dans une opération vérité. Laurent Berger pouvait aussi se flatter d’avoir été l’interlocut­eur privilégié de François Hollande tout au long de son quinquenna­t. Avec l’arrivée d’Emmanuel Macron à l’Élysée, nul doute qu’il espérait poursuivre sur cette lancée et être entendu sur les questions sociales. Très vite, il a dû déchanter devant un chef de l’État qui entend bien à la fois enjamber et affaiblir les corps intermédia­ires, à commencer par les syndicats. Certes, Laurent Berger a été reçu plusieurs fois par le Président mais il n’a jamais été écouté et entendu. Emmanuel Macron renvoie les organisati­ons syndicales vers les entreprise­s et considère qu’elles n’ont aucune légitimité pour s’immiscer dans le processus politique. Il affirme le primat de l’élection sur tout le reste et détruit tout ce qui fonde la social-démocratie, c’est-àdire un réformisme qui privilégie la concertati­on avec les partenaire­s sociaux. C’est donc l’identité même de la CFDT qui est mise à mal par cette suprématie revendiqué­e et non négociable du pouvoir élyséen. L’enjeu pour Laurent Berger est donc de redonner du sens à son action et de retrouver un positionne­ment pour son organisati­on, sans trahir sa nature profonde. L’exercice est difficile car, malgré l’expression régulière de son mécontente­ment, il ne réussit pas, pour l’heure, à entrouvir la porte du pouvoir et à se positionne­r dans un dispositif macronien verrouillé.

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