Monaco-Matin

Comment en finir avec l’obésité quand rien n’a marché Soins

Face à des kilos en trop qui s’attachent et dont ils n’arrivent plus à se débarrasse­r, ces patients ont choisi, comme voie de guérison, l’hospitalis­ation dans une unité de diététique

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Ils parlent de déclic. Pour l’un c’est l’envie de voir grandir son jeune fils. Pour l’autre, ce sont les opérations à répétition. Christian, Olivier, Laurent mais aussi Janine, Rosemonde, Joëlle ou Sylvie ont tous des raisons qui leur sont propres. Et tous ont eu l’envie de se débarasser de leurs problèmes de poids. Les régimes ? Ils les connaissen­t tous, les ont essayé sans succès. Et un jour, ils ont entendu parler d’une alternativ­e : l’hospitalis­ation. En ce qui les concerne, c’est à l’Unité de Diététique de Pégomas, créée par un médecin, le Dr Philippe Meyer en 1991 : «dès le début, l’idée était d’offrir aux patients souffrant d’un problème de nutrition une prise en charge pluridisci­plinaire». Ce jour-là le groupe assiste à un atelier dédié aux risques cardiovasc­ulaires animé par le Dr Ghislaine Garcia, chef du secteur nutrition. Discussion à bâtons rompus. Le médecin fait parler les participan­ts, les incite à donner leur avis, à être actifs. Car l’action est au coeur du dispositif. « Nous voulons que les patients soient véritablem­ent acteurs de leur guérison... Auteurs même ! C’est eux qui prennent les choses en main, qui décident de venir à bout de leurs problèmes de poids.» Les soignants sont là pour les épauler, les conseiller, les guider. « S’ils n’ont pas le déclic, nos efforts sont presque vains, souffle le Dr Isabelle Pourrat, médecin coordinatr­ice. Les « il faut que » ça ne marche pas. Notre mission est de leur faire prendre conscience de leur situation.»

Manger en qualité et en quantité

Du coup, l’équipe a choisi d’organiser Le Dr Garcia anime un atelier sur les risques cardio-vasculaire­s. Une manière de faire prendre conscience aux patients des dangers auxquels ils s’exposent.

la prise en charge autour du patient : « il est dans la boucle. Nous ne sommes pas là pour décider et encore moins pour agir à sa place », résume le Dr Garcia. Q’ils soient en hospitalis­ation complète ou en hôpital de jour (cela dépend de là où habite la personne et de son ressenti), les patients enchaînent les ateliers et les rendez-vous avec les profession­nels de santé sur place. L’emploi du temps est chargé, il n’en faut pas moins pour revenir sur les mauvaises habitudes ancrées depuis des années. L’aspect nutrition est évidemment au coeur du dispositif. Une cuisine thérapeuti­que permet de concocter des repas équilibrés et savoureux parce que si le déjeuner et le dîner sont sans saveur, le risque de craquage est décuplé. Certains doivent réapprendr­e à composer des repas équilibrés. Pourtant, ceux qui souffrent de surpoids ou d’obésité ne se nourrissen­t pas forcément mal. Par exemple, Sylvie explique qu’elle mange équilibré. « Le problème, c’est la quantité. Je mange beaucoup trop ! » Forcément ça coince. Tout le travail de l’équipe consiste à trouver avec elle pourquoi ça coince et comment y remédier.

Manger pour combler des peurs et des angoisses

Tous les patients ont un rapport différent à leur corps, à la nourriture ; et tous ont une histoire particuliè­re. L’hospitalis­ation permet de créer une dynamique de groupe (les séjours durent 4 semaines). Ce matin-là, lors de l’atelier thérapeuti­que animé par le Dr Garcia, on remarque qu’une solidarité s’est tissée entre les différents protagonis­tes. À force de se croiser dans les couloirs ou lors des activités, des affinités se sont créées. L’entraide est manifeste : ils se motivent et s’encouragen­t les uns les autres. Alors qu’ils échangent à bâtons rompus, des éléments communs (Photos Ax.T.) à ces individus si différents se fait jour : le stress, l’anxiété. Avec pudeur, ils se livrent tour à tour. Le surpoids apparaît comme une réaction à des peurs et des angoisses. Ce n’est pas toujours le cas mais lorsque ça l’est, l’écoute attentive de l’équipe se fait encore plus urgente. L’hospitalis­ation n’est pas la solution ultime à tous les problèmes d’obésité. Parfois, cela ne fonctionne pas. D’autres fois, les patients reviendron­t. Mais c’est une corde de plus à l’arc des médecins qui se battent pour freiner l’expansion galopante de l’obésité et son lot de comorbidit­és. L’hospitalis­ation au sein de l’Unité de Diététique de Pégomas se fait sur prescripti­on médicale. Elle est prise en charge par l’Assurance-maladie et les mutuelles.

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Une cohésion s’installe entre les pensionnai­res de l’Unité de diététique qui se soutiennen­t mutuelleme­nt.
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Dr Philippe Meyer

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