Monaco-Matin

JEEP ELITE / FINALES (MATCH ) « Kika » la menace

- MATHIEU FAURE

Le pivot bosnien Elmedin Kikanovic a longtemps tenu la Roca Team dans le sens de la marche ( points) grâce à son adresse exceptionn­elle. En vain…

A première vue, on ne dirait pas qu’Elmedin Kikanovic rentre dans la catégorie intimidant­e « Pivot venu de l’Est ». Certes, le Bosnien affiche 2,11m sous la toise mais il a un physique presque fluet. Longiligne. Il dégage même l’étrange impression d’une certaine timidité. C’est trompeur car le pivot est surtout un joueur à l’ancienne, sans aucun tatouage dans un sport où c’est devenu une marque de fabrique, un moyen d’exister, de se singularis­er. « Kika », c’est un mec des années 80, quand le basket-ball n’avait pas la même dimension physique qu’aujourd’hui. Logique quand on sait que le natif de Tuzla est formé dans le berceau du basket-ball européen, les Balkans, ce formidable accélérate­ur de talents qui avait terrassé les USA en demi-finale du championna­t du monde 1990 quand le pays s’appelait encore Yougoslavi­e. Bien que né en Bosnie-Herzégovin­e, c’est à Belgrade que le pivot de la Roca Team a tout appris. Déjà, il y a rencontré sa femme avec qui il a eu un petit garçon l’automne dernier mais il y a surtout répété ses gammes. Dans la capitale serbe, le numéro 9 du Rocher découvre l’ambiance des derbies Etoile Rouge/Partizan. Forcément, rien ne lui fait peur. Hier, quand Gaston-Médecin s’est embrasé, il était comme un poisson dans l’eau. Serein. Zen. C’est peutêtre ce qui explique sa formidable adresse : 19 points à 9/11 (82% de réussite), 2 intercepti­ons et aucune balle perdue dans un style très slave. Sur la planète basket, l’Etoile Rouge est un nom. Une marque de fabrique.

Une seule finale disputée en carrière… et perdue. Il veut sa revanche

On parle quand même de l’incubateur à pépites comme Vlade Divac (finale NBA 1991 avec les Los Angeles Lakers de Magic Johnson), Predrag Stojakovic (champion NBA avec les Mavericks de Dallas en 2011) ou Vladimir Radmanovic (finale NBA avec les Lakers en 2008). Là-bas, sous les ordres de Svetislav Pesic, coach de la Serbie championne du monde en 2002, il développe son basket. Même s’il perd une finale du championna­t face au rival du Partizan, sa seule finale jusqu’à celle de la Jeep Elite, il s’étoffe et devient une machine à scorer. Hier soir, la salle Gaston-Médecin a pu apprécier son tir élégant à la fois dur et fluide, son adresse dans la raquette mais aussi son impact en défense. Kikanovic, c’est l’assurance tous risques. Rarement blessé, le Bosnien ne se plaint jamais, c’est un dur au mal. Avec lui, la Roca Team possède un ancrage dans la raquette, un point d’appui efficace pour le pick and roll. On attendait D.J. Cooper, Sergii Gladyr ou Gérald Robinson, mais c’est le pivot bosnien qui a mis tout le monde d’accord quand ses copains ne trouvaient pas la mire (19 points… pour le trio). Et puis quand la route s’élève, Kikanovic devient injouable. En 2015, déjà, lors d’une pige à Nancy, il avait fait des playoffs son petit-déjeuner (17 points, 6 rebonds, 2 passes de moyenne). Élu meilleur pivot de la Champions League FIBA cette année où la Roca Team s’est inclinée en finale contre l’AEK Athènes, celui qui tourne à 14 points de moyenne cette saison a donc rendu une copie très propre (20 d’évaluation). Alors même si Monaco n’a pas réussi à faire le break dans cette série aux meilleurs des 5 matches, le club du Rocher sait qu’il peut voyager avec son pivot, lui qui a connu les batailles infernales de la ligue russe quand il jouait à Krasnoyars­k, un club proche de la Sibérie. Dans le froid russe, il s’est frotté pendant 4 ans au gratin européen : CSKA et Khimki Moscou, Unics Kazan et Lokomotiv Krasnodar. Pour espérer arracher la victoire dans la Sarthe, il faudra, en revanche, s’imposer dans son duel face au géant Youssoupha Fall (2,21m) puisqu’hier soir, le Manceau a tout gobé sous l’arceau (12 rebonds contre 2 au Monégasque).

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