On vous raconte le concert que les Stones donneront à Marseille
Mick Jagger et sa bande étaient à Londres pour leur nouvelle tournée, qui les conduira dans la cité phocéenne mardi prochain. Si les papys du rock ont allégé leur show, le plaisir est toujours là
Pas de jaloux. Après Nice en 2006, c’est à Marseille où ils s’étaient produits en 2003 – que les Rolling Stones donneront leur prochain concert dans le Sud-Est. Les Stones ont toujours eu le bon goût d’alterner leurs visites dans les deux capitales régionales (avec une petite infidélité pour Montpellier en 1995). C’est donc au Vélodrome qu’on ira les voir le 26 juin pour la deuxième partie du No Filter Tour. La tournée était passée en octobre à Paris pour trois soirs à la nouvelle U Arena de Nanterre. À part la setlist, qui varie tous les soirs, c’est la même configuration : une scène géante prolongée d’un long catwalk qui fend la fosse en deux (mais ne sert pas à grand chose), surplombée d’une large casquette antipluie et cernée d’écrans gigantesques. Ceux des côtés ressemblent à des smartphones… mais de la taille d’un immeuble ! Ils ne cachent rien de l’état de vieillissement de nos chères vieilles pierres (294 ans à eux quatre). D’où, paraît-il, le titre de la tournée: No Filter (sans filtre)… Les ayant manqués à Paris en octobre, on est allé les voir jouer à domicile, à Londres, où ils donnaient le deuxième concert de la tournée printemps-été. Histoire de prendre la température avant Marseille.
Liam Gallagher en ouverture
C’est dans le nouveau stade olympique de West Ham que 66 000 Londoniens les attendaient sous un beau soleil printanier en ce 22 mai. Avec une première partie de choix: Liam Gallagher. L’exOasis, qui jadis snobait Mick Jagger, a fait profil bas cette fois. Trop content de l’aubaine, il dédicaçait même Rock’n’Roll Star à ses hôtes. Avec le décalage horaire, il faisait encore plein jour lorsque les Stones prirent la scène vers 20h30 avec un Street Fighting Man qui manquait singulièrement de combativité. « Heureux de jouer à la maison» (sic), mais donnant l’impression de faire leur balance en public, les Stones expédiaient leurs premiers titres (It’s Only Rock’n’Roll, Tumbling Dice, Paint it Black, «Under My Thumb ») vite fait. Juste le temps de noter sur le visage émacié de Charlie les traces de ses 76 ans, de remarquer que Keith (74 ans) avait bonne mine et paraissait concentré et de s’étonner de l’incroyable vitalité de Ronnie (jeunot de 70 ans) et surtout de Mick qui, silhouette toujours impeccable malgré ses 74 printemps, continue de courir, de danser et de se dandiner, comme il l’a toujours fait.
Des classiques à foison
Le plus incroyable, c’est que sa voix n’a pas changé. Sur Fool to Cry et Miss You ,ilest encore capable de monter dans les aigus comme à l’époque de leur enregistrement. Keith accuse davantage le poids des ans et des excès. Ses deux chansons (Before They Make Me Run et Slipping Away) sont l’occasion d’aller refaire le plein à la buvette. Et le reste du temps, heureusement qu’il y a Ron Wood pour doubler les parties de guitare. Depuis quelques années déjà, c’est lui qui tient la baraque sur scène, et son jeu s’est autant amélioré que celui de Keith s’est détérioré. Le show s’est considérablement allégé depuis le Bigger Bang Tour qui était passé par Nice en 2006. Pas de projections autres que les images du groupe, pas d’effets spéciaux, pas d’accessoires gonflables, pas de set acoustique sur l’avant-scène. Vingt titres joués en moins de deux heures (dont deux en rappel), quelques pétards pour conclure (sur Satisfaction évidemment) et c’est tout. Les fidèles Darryl Jones (basse), Bernard Fowler (choeurs), Tim Ries (sax) et Chuck Leavell (claviers) sont toujours là, avec une nouvelle choriste (Sasha Allen) et un nouveau sax (Karl Denson). Chacun a son petit moment: Darryl Jones sur Miss You, Sasha Allen sur Gimme Shelter (où elle est loin de faire oublier Lisa Fischer) et Karl Denson sur Brown Sugar. Mais les stars du spectacle, ce sont les chansons. Chaque titre (que des classiques, à l’exception de Ride’Em Down, extrait du dernier album blues) réveille des (DR) souvenirs dans le public. Y compris dans la frange des 20-35 ans, plus nombreuse et enthousiaste qu’on pourrait s’y attendre. Certes, comme le titrait un journal local, « It’s Oldy Rock’n’Roll » (« C’est du vieux rock’n’roll »), voire du rock de vieux, mais on continue à aimer ça ! Rendez-vous à Marseille mardi prochain. Rolling Stones No Filter Tour à Marseille, au stade Orange Vélodrome, le mardi 26 juin, à 20 heures. Prix des places de 78,50 à 287,50 euros. Points de vente habituels et Internet.