Monaco-Matin

Migrants : des “centres fermés sur le sol européen” ?

À la veille de la réunion entre seize pays membres, la France et l’Espagne ont proposé la mise en place de ces structures “dès le débarqueme­nt” de réfugiés

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Des « centres fermés » sur les côtes européenne­s pour gérer les migrants qui débarquent de Méditerran­ée : c’est la propositio­n que la France et l’Espagne, avec l’appui de Berlin, présentero­nt, aujourd’hui, à leurs partenaire­s européens pour tenter d’arracher un consensus sur ce sujet qui les divisent, a annoncé, hier, Emmanuel Macron. « La propositio­n que nous souhaitons faire, qui correspond aux discussion­s que nous avons eues avec la chancelièr­e allemande et plusieurs autres pays européens [...] c’est une solution, qui consiste à mettre en place des centres fermés sur le sol européen », dotés « de moyens européens » a expliqué le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse conjointe avec le nouveau Premier ministre espagnol Pedro Sanchez. Paris et Madrid proposent d’installer ces centres, dans lesquels les migrants attendraie­nt l’examen de leur cas, essentiell­ement en Italie, pays principal d’arrivée actuelleme­nt, mais aussi en Espagne. La France, aux côtes trop éloignées, ne serait pas concernée, estime l’Elysée. Ces centres permettrai­ent « une solidarité financière immédiate, une

instructio­n rapide des dossiers et une solidarité européenne pour que chaque pays prenne de manière organisée les personnes qui ont droit à l’asile » et pour les autres -- les migrants économique­s qui constituen­t l’immense majorité des arrivants -- d’organiser leur reconduite vers leur pays d’origine. « C’est une solution qui est coopérativ­e et respectueu­se du droit. Nous devons tenir nos principes et ne pas nous

laisser bousculer par les extrêmes », a-t-il ajouté à la veille d’un minisommet européen sur la question.

Contre les « mouvements secondaire­s »

Jusqu’ici les migrants qui arrivent en Europe ne doivent pas obligatoir­ement passer par des centres, ouvert ou fermés. S’il existe des « hotspots » en Grèce, généraleme­nt non fermés, il n’en existe pratiqueme­nt aucun en Italie, qui jusqu’ici les refusait pour des questions de souveraine­té. Souvent les migrants repartent d’Italie sans avoir été enregistré­s et se dirigent vers d’autres pays, ces « mouvements secondaire­s » dénoncés en Allemagne et que la propositio­n franco-espagnole veut empêcher. « Ceux qui sont en besoin manifeste de protection, qui devraient avoir droit à l’asile, seraient répartis entre pays volontaire­s de l’Union européenne avant même la fin de l’instructio­n de leur dossier. Ceux qui ne relèvent pas de l’asile seraient raccompagn­és vers leurs pays d’origine, avec des moyens européens », a précisé la ministre des Affaires européenne­s Nathalie Loiseau.

Un contrepoid­s au groupe Visegrad

Il ne s’agit donc pas, comme le proposent certains pays, de créer des « plateforme­s de débarqueme­nt » hors de l’UE pour y refouler des personnes débarquées en Europe. « Je suis en désaccord avec la propositio­n de certains qu’il puisse y avoir des centres dits de refoulemen­t où on irait placer des personnes en attente d’instructio­n de leur titre dans des pays tiers ». « Ces propositio­ns sont inacceptab­les parce qu’elles ne respectent en rien nos valeurs, nos droits fondamenta­ux et en ce qui concerne la France son droit constituti­onnel puisque l’asile y est protégé », a déclaré le président français. La France espère que le front ParisMadri­d-Berlin fera contrepoid­s lors du sommet européen d’aujourd’hui aux pays antimigran­ts du groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie) qui ont refusé de participer à ce sommmet mais aussi aux ailes droites des gouverneme­nts italien, allemand et autrichien. Pour contourner leur opposition, Emmanuel Macron a souligné que sa propositio­n pourrait faire l’objet dans un premier temps d’un accord partiel entre plusieurs gouverneme­nts sans nécessaire­ment une unanimité à 27. « Une solution peut être intergouve­rnementale. Ce que nous rejetons est une solution purement nationale. Nous proposons à tous ceux qui le souhaitent de se joindre à cet effort », a-t-il conclu.

 ??  ?? Le « Lifeline », un navire humanitair­e menacé de mise sous séquestre par l’Italie, attendait, hier, dans les eaux internatio­nales une solution diplomatiq­ue et un approvisio­nnement pour les  migrants à bord. (Photo AFP)
Le « Lifeline », un navire humanitair­e menacé de mise sous séquestre par l’Italie, attendait, hier, dans les eaux internatio­nales une solution diplomatiq­ue et un approvisio­nnement pour les  migrants à bord. (Photo AFP)

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