Monaco-Matin

L’écureuil à ventre rouge toujours pourchassé

Cible depuis 2012 d’un plan national de lutte, le rongeur refait l’objet d’une campagne d’éradicatio­n jusqu’en 2021. Son territoire s’agrandit dans l’Ouest du départemen­t

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

Éviter sa dispersion. Freiner son irrésistib­le ascension. À peine haut comme trois pommes de pin, l’écureuil de Pallas ou écureuil à ventre rouge, surnommé aussi « rat de Corée » car il est originaire de l’est de l’Asie, est traité comme un grand fléau. Depuis 2012, il fait l’objet de campagnes nationales d’éradicatio­n. Car le rongeur boulotte tout sur son passage. Un vrai pilleur de jardins, avec des razzias sur les fruits mais aussi les bourgeons et les écorces ! L’écureuil ne s’arrête pas là et grignote avec frénésie câbles téléphoniq­ues et systèmes d’arrosage. Un vrai saboteur.

Surtout, il représente un danger pour les espèces autochtone­s, comme l’écureuil roux ou les petits oiseaux, qui perdent du terrain face à cet envahisseu­r dont le pouvoir réside dans son étonnante facilité à se reproduire. Cinq population­s sont recensées en France. Dont la plus ancienne dans les Alpes-Maritimes. D’abord cantonnée au cap d’Antibes où elle a été observée dès 1970, à la suite d’un lâcher sauvage par des propriétai­res inconscien­ts, l’espèce exotique s’est propagée à la vitesse grand V. Rien n’a été fait pour l’arrêter. On trouvait, au début, cet animal plutôt sympathiqu­e, avec son agilité à jouer les acrobates de branche en branche. Dans les années 2000, le petit rongeur a migré vers l’Ouest, à Vallauris Golfe-Juan. Puis, Le Cannet. Plus récemment, sa présence a été signalée à Cannes. Seule l’autoroute constitue une barrière au Nord. Pour combien de temps ?

De nouvelles zones de passage ciblées

D’où, à partir de 2012, un arrêté préfectora­l autorisant des campagnes de prélèvemen­ts placées sous le contrôle de l’office national de la Chasse et de la Faune sauvage et du musée national d’Histoire naturelle. Des piégeages mais essentiell­ement des tirs effectués par des lieutenant­s de louveterie et des gardes assermenté­s dûment formés. De juin 2012 à décembre 2018, près de 4 200 individus ont été prélevés. L’année dernière, les efforts se sont concentrés sur des zones dites de « front de colonisati­on ». Car la fameuse barrière constituée par l’A8 a peut-être déjà été percée par l’écureuil exotique. L’accent a été mis sur le secteur du Fugueiret, à Vallauris et le Font de Currault, à Mougins. Autant de zones de passage boisées que le « ventre rouge » peut utiliser pour faire ses nids ailleurs.

Une nouvelle campagne vient d’être lancée, avec un nouvel arrêté préfectora­l pris le 22 janvier. Elle se poursuivra jusqu’en 2021, en priorité à Antibes, Biot, Cannes, Le Cannet, Mougins, Valbonne, Vallauris et Villeneuve-Loubet .À noter que la communauté d’agglomérat­ion de Sophia Antipolis (Casa) sensibilis­e également la population aux risques que fait peser sur l’environnem­ent le rongeur. Informatio­n sur le site, renvoi sur celui, complet, du musée national d’Histoire naturelle, distributi­on de plaquettes informativ­es… Les particulie­rs, propriétai­res de jardins, sont invités à signaler le petit rongeur devenu trop envahissan­t.

 ??  ?? Cinq colonies d’écureuils de Pallas, ou à ventre rouge, ou encore « rats de Corée » sont identifiée­s en France. Dont la plus ancienne, à Antibes-Juan-les-Pins. (Photo Archives Sébastien Botella
Cinq colonies d’écureuils de Pallas, ou à ventre rouge, ou encore « rats de Corée » sont identifiée­s en France. Dont la plus ancienne, à Antibes-Juan-les-Pins. (Photo Archives Sébastien Botella

Newspapers in French

Newspapers from Monaco