« C’est la première fois qu’on ne met pas le candidat au coeur d’une réforme »
Frédéric Clauzier, président départemental du CNPA
Frédéric Clauzier, président départemental du CNPA, conseil national des professions automobile-branche éducation routière, est à l’initiative de la manifestation ce matin avec l’Unic et l’Unidec.
Un rapport a été remis le février au Premier ministre. Certaines mesures préconisées inquiètent la profession
Il n’a pas été encore rendu public, mais certaines pistes ont fuité. Cela nous alarme et c’est pour cela que l’on descend dans la rue. Pour défendre notre profession et la qualité de l’enseignement. C’est la première fois que le candidat n’est pas au coeur du système, au coeur d’une réforme.
Il est envisagé de remplacer l’agrément départemental par un agrément national. Quel est le problème ?
Qui dit agrément national dit, à moyen terme, perte du local physique. Et cela va favoriser les plateformes en ligne. Le local d’une autoécole, c’est la garantie de moyens pédagogiques, d’un secrétariat, d’un accueil, d’un suivi, d’un accompagnement. Le client peut obtenir une réponse à une inquiétude. Que nous soyons physiquement installés permet à la préfecture de contrôler les enseignants, les salariés. Un gage de sécurité et de sérieux.
Ce qui vous alarme aussi, c’est la possibilité pour le candidat de s’inscrire lui-même à l’épreuve du permis de conduire ?
Cette désintermédiation est préjudiciable. Nous, les professionnels, sommes capables d’évaluer si un candidat est prêt ou pas. C’est humain de vouloir tenter sa chance, mais il y a déjà si peu de places pour passer le permis ! Avec cette mesure, il y aura encore davantage d’échecs à la première présentation. Et donc encore plus de passages à l’épreuve. Cela va créer un plus gros embouteillage pour passer le permis. Et puis, une augmentation des échecs, c’est mauvais aussi pour la confiance du conducteur. Donc pour la sécurité.
Les pistes évoquées pour la future réforme, sont un recul en termes de sécurité routière ?
Avec l’agrément national, l’absence de contrôles, on reviendrait aux auto-écoles des années - ! À l’époque, si on avait légiféré c’était pour la sécurité routière. Il y avait un taux de mortalité très important sur les routes.
Et vous estimez que ce qui se trame va favoriser les auto-écoles en ligne...
On ne peut pas aller dans cette logique du tout dématérialisé. Avec ces plateformes, il n’y a pas de suivi, pas d’accompagnement. On croit que c’est moins cher et au final, ça ne l’est pas. On est moins bien formés pour la route. Nous, nous ne sommes pas que des formateurs. Nous sommes aussi des éducateurs. Nous parlons partage de la route, comportement et c’est extrêmement important. Certaines communes du département proposent des aides au permis de conduire. C’est le cas de notamment de Nice et de Cannes.
À Nice, depuis , cela concerne des Niçois âgés de à ans sous conditions de ressources. En contrepartie d’une aide financière de euros, ils doivent s’engager dans une action citoyenne à caractère humanitaire ou social, pour une durée de heures, au sein d’un service de la ville de Nice ou d’une association. Dès , le nombre de bénéficiaires sera triplé. À Cannes, il faut avoir de à ans et choisir une auto-école cannoise. Un montant de euros maximum sera attribué au bénéficiaire, qui en contrepartie, effectuera heures de mission citoyenne, une formation sur la sécurité routière et le comportement civique au volant.