Jérôme Salomon :
Omniprésent au début de la crise sanitaire, le professeur Jérôme Salomon se fait désormais rare dans les médias. Le directeur général de la santé, qui délivrait chaque soir à 19 heures aux Français confinés les nouvelles du front épidémique – situation internationale, nombre d’hospitalisations en France, nombre de patients en réanimation, nombre de nouveaux décès, consignes à appliquer – n’a plus guère pris la parole depuis son audition en juin dernier devant la commission d’information Covid-19, où il a dû faire face aux nombreuses controverses suscitées par la gestion gouvernementale. Numéro deux du ministère de la santé dirigé par Olivier Véran, proche d’Emmanuel Macron dont il a été l’un des conseillers de campagne, cet ancien praticien spécialiste des maladies tropicales et des maladies émergentes, professeur des universités, est un habitué des situations de crise : il a travaillé sur les épidémies de grippe A H1N1, de Zika, d’Ebola ou de chikungunya.
Au ministère il est chargé de « concevoir et conduire la politique de prévention issue de la stratégie nationale de santé » et de coordonner les agences régionales de santé. En cas de crise, c’est donc lui qui monte logiquement au front.
Et c’est ce qu’il a fait, portant au quotidien la parole gouvernementale, assurant en mars qu’il était «inutile » de porter un masque avant d’assumer plus tard la volte-face du gouvernement ; justifiant la gestion du stock stratégique de l’État ou plus exactement l’absence de stock – détruit sous le ministère de Marisol Touraine, dont il était le conseiller sécurité sanitaire.
Accusé de « mensonge d’État » au sujet du port du masque, il a assuré avoir « suivi les recommandations internationales ».
Il a également fait face à des critiques virulentes sur la gestion des tests, notamment pour avoir défendu l’arrêt du dépistage systématique le 14 mars, expliquant que cela « ne changeait rien à la prise en charge des patients » quand on accusait le gouvernement de masquer – encore – une pénurie.
L’habilité qu’a démontrée cet épidémiologiste reconnu dans l’art de l’esquive face aux questions dérangeantes, sa capacité à tout assumer font de lui un politique accompli, capable de se mettre en retrait quand la situation l’exige. Ou un parfait fusible.